thesis

Le Carcéral : désir d'humanité et changement révolutionnaire : la prison des Archives Parlementaires et des archives du département du Nord (1789-1799)

Defense date:

Jan. 1, 2016

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Why is prison one of the seamy side of our democracies? This thesis highlights the construction logics of an institution producing asymmetrical power relationship and suffering of the prisoners, studying prison during the French Revolution. This period reveals the political issue at stake, because it inherited philanthropic trends while renewing the desire for humanity; it also developed various models of the Republic. The Carceral, the "actual experience of enclosure, constraint and exclusion, for the prisoner, by the jailer, through the power relationship bringing them together", is an unstable structure that is socially constructed. In order to understand how the practices and the intentions have shaped the Carceral, we focused on the history of emotions and we did an approach of scales variations. Three parts implemented this point of view, using the Archives Parlementaires and the clerical archives of the Nord department and Nord cities. The first renders the prism through which reformers envisioned prison during the Constituent Assembly; humanizing penalties was fraught with contradictions as it fluctuated between new usages of the Law, the subversion of the institution and practices to maintain social order. The second explores the variations in republican perceptions of the protagonists with regard to the state of prisons and of prisoners: it highlights the specific sensibility of the sequence of An II. Then, keeping as close as possible to the prisoners and jailers, the object is to understand what chains of concrete causality and what mental processes of legitimization bring abou some non-republican incarceration regimes within a "liberal" incarceration regime.

Abstract FR:

Pourquoi la prison est-elle une des parts d'ombre de nos démocraties ? Cette thèse éclaire les logiques de fabrique de l'institution, productrice d'une relation de pouvoir asymétrique et de souffrance pour les prisonniers, par une étude des prisons durant la Révolution. Cette période montre cet enjeu politique, car elle hérite de tendances philanthropiques, renouvelle le désir d'humanité et élabore différents modèles républicains. Le carcéral, le « vécu de la clôture, de la contrainte et de l'exclusion, pour le prisonnier et par le geôlier, au travers de la relation de pouvoir qui les rassemble », est une structure instable, objet de constructions sociales. Afin de comprendre comment les pratiques et les discours le façonnent, la recherche est orientée vers l'histoire des émotions et utilise un jeu d'échelles. Trois parties déploient cette perspective à partir des Archives Parlementaires et des archives administratives départementales et municipales du Nord. La première restitue le prisme des approches de la prison par les réformateurs sous la Constituante ; entre rapports nouveaux à la loi, subversion de l'institution et usages d'ordre social, les contradictions habitent le projet d'humanisation de la pénalité. La seconde explore les variations des sensibilités républicaines à l'égard de l'état des prisons et des prisonniers ; elle met en valeur la sensibilité singulière de la séquence de l'an II. Enfin, en se tenant au plus près des prisonniers et des concierges, il s'agit de comprendre par quelles chaînes de causalité concrètes et à travers quels processus mentaux de légitimation s'installent des régimes non-républicains au cœur d'un régime « libéral » d'enfermement.