La mode à l'épreuve de l'art : une historiographie des discours sur la mode en France : 1800-1930
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis seeks to renew the sources of the history of fashion through consideration, beyond the objects and images with which it is traditionally associated, of the discourses that have defined it. Observation over a longue durée, from the beginning of the 19th century up to the period between the two world wars, of the different discursive areas it has crossed, permits fashion to be seen in relation to a history of ideas in which bath the key players and the epistemological context vary. The major reorientations which emerge from this, though they may coincide fortuitously with the variation of silhouettes, attest even more importantly to changes in those who express them-they highlight who speaks for and what is said about fashion in a particular period. Three successive major moments can be distinguished: the first, determined by the post-revolutionary context, in which fashion falls into the domain of literary commentators, becoming a tool for social analysis. As seen from the perspective of manuals of etiquette and physiology, fashion is conceived as a way to behave, between imitation and distinction, whose dictates transcend the political instability of this first phase of the century. A turning point can then be discerned when France, a nation of inventors, asserts its industrial competitiveness: the "article of Paris" attests to the mercantilisation of the idea of fashion which can from then on be materially embodied as a commodity. Finally, while the question of novelty can be defined in the middle of the century in terms of the patents, awards, and the technical literature which validate it, the relation to the present moment which fashion so singularly embodies endows it with a certain quality for those wanting to depict modern life. It is thus this process of artification beginning as early as the second half of the 19th century, culminating in its dialogues with the avant-garde in the early 20th century whose different stages we have endeavored to reconstitute.
Abstract FR:
Cette thèse vise à renouveler les sources de l’histoire de la mode en considérant, par-delà les objets et les images qu’on lui associe traditionnellement, les discours qui la définissent. En observant sur la longue durée, depuis le début du XIXe siècle jusqu’à la période de l’entre-deux-guerres, les différents champs discursifs qu’elle traverse, il s’agit de replacer la mode dans une histoire des idées dont les acteurs comme les cadres épistémologiques varient. Les grandes inflexions qui s’en dégagent, si elles coïncident de manière fortuite avec la variation des silhouettes, attestent davantage de changements d’énonciateurs – elles mettent en lumière qui parle et ce qu’on dit de la mode à une période donnée. Trois grands moments se succèdent ainsi : un premier, largement déterminé par le contexte postrévolutionnaire, la consacre sous la plume des littérateurs, comme un outil d’analyse du corps social. Au gré des manuels de savoir vivre et des physiologies, la mode se conçoit comme une manière de se comporter, entre imitation et distinction, dont les diktats surpassent l’instabilité des régimes politiques de ce premier XIXe siècle. Un tournant se dessine ensuite alors que la France, nation d’inventeurs, précise sa compétitivité industrielle : l’« article de Paris » signe la marchandisation de l’idée de mode qui s’incarne désormais matériellement dans un produit de consommation. Enfin, si la question de la nouveauté se conçoit au milieu du siècle à travers les brevets, médailles et littérature technique qui la cautionnent, le rapport au temps présent que la mode incarne si singulièrement la dote d’une qualité certaine pour qui veut dépeindre la vie moderne. C’est ce processus d’artification entamé dès la seconde moitié du XIXe siècle, et parachevé par son dialogue avec les avant-gardes au début du XXe siècle dont nous avons souhaité reconstituer les différentes étapes. Depuis sa progressive assimilation aux Beaux-Arts, que la haute couture cultive à l’envi, jusqu’à son langage qui pénètre les œuvres et stratégies des artistes, marchands et critiques, la mode devient objet de création.