thesis

Le dérisoire, un ordre nouveau : l'utilisation de matériaux de récupération par les nouveaux réalistes

Defense date:

Jan. 1, 2013

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Authors:

Abstract EN:

This doctoral thesis addresses the scope of the use of found objects and garbage by the Nouveaux Réalistes in the 1960s. Still viewed as garbage, the used materials open the artworks to polysemy. The historic, pratical, economic and social meanings of each trite objects used by the nouveaux réalistes are easily perceived by the spectator. The cultural, social and mnemonic status of garbage turns it into a complex sign. While offering a new place to the analyze of used materials, this thesis intends to develop a view of the nouveaux réalistes’ practice founded on the valorization of garbage and its specificities as an artistic material. This idea opens more global research paths: the nouveaux réalistes’ example shows that salvaging opens the artwork to a new element, which is the actual meaning of the used materials. They are far from raw materials awaiting their final definition by the artist; on the contrary, they are already marked by their way through society. This thesis shows the specificity of a salvaging practice and builds the tools that will allow them to be more precisely interpreted. In a paradoxal move that goes from the dump to the picture rail, the nouveaux réalistes reveal a part of our contemporary society that has been always forgotten, and perhaps repressed. The obvious links that have been made between their work and the Mai 68 contest against consumer society are here re-read in the light of the particular status of their materials, and through broader historic perspectives that reveal their roots in the baudelairian approach of margin as well as the World War Two’s impact on their use of ruin and derisory.

Abstract FR:

Cette thèse s’attache à analyser la portée du geste et des matériaux de récupération par les nouveaux réalistes dans les années 1960. Restant identifiables en tant que déchets, les matériaux de récupération établissent la polysémie au fondement des œuvres. Les sens historiques, pratiques, économiques, l’usage social transparaissent pour le spectateur au travers de chacun des éléments banals dont usent les nouveaux réalistes. Le statut culturel, social et mémoriel du déchet en fait un signe complexe. En accordant une place nouvelle à l’analyse des matériaux de récupération, cette thèse propose de développer une lecture de la pratique des nouveaux réalistes qui repose sur la prise en compte du déchet et de ses spécificités en tant que matériau artistique. Ce parti-pris ouvre des pistes plus globales : l’exemple des nouveaux réalistes montre que la récupération introduit un élément nouveau dans l’œuvre, qui est le sens même des matériaux utilisés. Ceux-ci n’ont rien d’une matière première brute en attente de sa définition par l’artiste, au contraire, ils sont déjà marqués par leur circulation dans la société. Il s’agit donc à la fois de montrer la spécificité d’une pratique tournée vers la récupération, et de proposer des outils qui en permettent une interprétation plus approfondie. Dans un mouvement paradoxal qui conduit de la décharge à la cimaise, les nouveaux réalistes mettent au jour une part constamment oubliée, et sans doute pourrait-on dire refoulée, de notre société contemporaine. Les liens évidents qui ont été établis entre leur travail et la contestation des années 1968 contre la société de consommation seront relus à la lumière du statut particulier de leurs matériaux, et dans des perspectives historiques plus larges qui révèlent à la fois leur enracinement dans une pensée baudelairienne de la marge et l’impact de la seconde Guerre Mondiale sur leur traitement de la ruine et du dérisoire.