Savoir vivre avec son temps : bref précis de cité-jardinage moscovite postsoviétique, comprenant quelques ruses symboliques de politique locale en période de libéralisation économique extrême, divers conseils sur l’art du bon voisinage avec les fantômes, ainsi qu’un menu requiem pour des efforts de bonheur
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Using a pragmatic approach which considers emotions in their political and performative dimensions, this thesis describes the art of Russian savoir-vivre in the last decade of the 20th century; it is based on documentation and immersive field-work in a Muscovite Heritage garden city, which has seen its property values explode and whose inhabitants established themselves as an autonomous governing body. To do so, this research reveals this time period for what it is -- fractured, fast-paced, suspended, syncretic, heterogeneous, polymorphous -- and makes explicit what a time period dors to its spaces, and also what space does to time. It examines in particular the performative construct of community and localism; the suddenness of change, what money does to the period, but also what the period does to money and its momentary omnipotence; political debates from the micro to the macro, old versus new values and their moral and practical value compared with the present and future, with its pasts and futures of yesteryear; how the presence of absences -- of the dead of the Great Patriotic War, of the perpetrators and victims of repression -- (de)structures social social relationships and how they are organized socially; the scansion of global society's frantic and perpetually alarmist pace; the Infinity of the Instant. This work defends the monograph both as a method and a genre since it allows access to otherwise unreachable levels of the Real and embraces the added inteligibility offered by a holistic stance; one can thus show the processes of action and retroaction of the different issues interwoven in the dynamics of social life.
Abstract FR:
Avec une approche pragmatique considérant les émotions dans leurs dimensions politique et performative, la thèse – fondée sur des matériaux historiques et un terrain immersif dans une cité-jardin moscovite classée, soumise à des logiques spéculatives exacerbées, et dont les habitants se sont constitués en autogestion politique – décrit l’art de savoir vivre avec son temps dans la Russie des années 1990-2000. Pour cela, elle déploie le temps lui-même : faillé, accéléré, suspendu ; syncrétique, hétérogène, polymorphe. Et explicite ce que le temps fait à l’espace – et ce que l’espace fait au temps. Elle examine, notamment, la fabrique performative de la communauté et du localisme ; la brutalité du changement, ce que l’argent fait au temps, mais aussi ce que le temps fait à l’argent et à son hyper-puissance du moment ; les débats politiques du micro au macro, les anciennes et nouvelles valeurs et leur valeur pratique et morale à l’aune du présent et de ses avenirs, de ses passés, de ses avenirs d’antan ; comment la présence des absences – des morts de la Grande Guerre Patriotique, des acteurs et des victimes des répressions – (dé)structurent les rapports sociaux, et comment on les organise socialement ; les scansions du rythme effréné et perpétuellement catastrophiste de la société globale ; l’In-fini de l’instant. Ce travail défend la monographie comme méthode et comme genre : accès à des niveaux de réel autrement inatteignables ; non-renoncement au surcroît d’intelligibilité offert par la posture holiste, laquelle permet de montrer les processus d’action/rétroaction des enjeux de différents domaines de la vie sociale saisie dans la pluralité croisée de ses dynamiques.