La nuit de noces : une histoire sociale et culturelle de l'intimité conjugale (France, années 1800 - années 1920)
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
According to France’s social and moral norms of the nineteenth and early twentieth century, newlywed couples were expected to have sexual intercourse, thus consummating their union, on the first night following the wedding ceremony. The permanent aspect of this requirement persisted, although wedding norms and practices were being redefined, through the establishment of the civil marriage during the French Revolution, with the increasing ideal of the bourgeois marriage, with social and religious debates over the right to get a divorce before reintroducing it in 1884 and with the slow sexual revolution gaining momentum from the Belle Époque onwards. The aim of this dissertation is to demonstrate how the wedding night gradually became a pivotal event in the married couple’s life from the 1800s to the 1920s. It will delineate the norms, the representations and the practices of this social fact which affected almost the entire French population at that time. I will study varied sources in order to comprehend the multifaceted aspect of such a particular and intimate moment in the conjugal life: from cultural and scientific productions (such as fictional works, images, essays, medical works and folklore studies) to canonical procedures comprising narratives of the wedding night by separating spouses. Three lines of research will be examined in this study: (1) the veil of secrecy about wedding night practices which relied on discourses that were addressed differently to men and women; (2) the traditions associated with the nuptial rituals. Over the course of the century, such rituals have been reshaped by the changing values of the bourgeois marriage. Finally, it will be argued that consummating the union was both (3) a moral and physical ordeal, particularly for the brides.
Abstract FR:
Selon les normes sociales et morales de la France du XIXe siècle et du début du XXe siècle, c’est au cours de la première nuit qui suit le mariage que les jeunes époux sont supposés consommer sexuellement leur union. La permanence de cette injonction s’inscrit dans une période de redéfinition des normes et des pratiques matrimoniales – instauration du mariage civil pendant la Révolution française, essor du modèle du mariage bourgeois, débats sociaux et religieux sur le droit au divorce suivis de son rétablissement en 1884, et lente libération des mœurs qui s’accélère à partir de la Belle Époque. Cette thèse montre en quoi la nuit de noces est devenue, entre les années 1800 et les années 1920, un événement décisif de la vie des époux. Elle s’attache à retracer à la fois les normes, les représentations et les pratiques de ce fait social qui concerne à cette époque la quasi-totalité de la population française. Des sources variées, parmi lesquelles des productions culturelles et savantes (écrits fictionnels et images, essais, ouvrages médicaux, études folkloristes…) et des récits produits par les époux eux-mêmes à l’occasion de procédures matrimoniales canoniques, permettent d’appréhender les multiples facettes de ce moment de l’entrée dans la vie conjugale qui relève de la plus grande intimité. Trois axes guident cette étude : le secret, à la fois réalité des pratiques nuptiales et lieu d’élaboration de discours traçant la frontière genrée du dicible et de l’indicible, du décent et de l’indécent ; la tradition à laquelle renvoient les rites nuptiaux qui, au cours du siècle, sont toutefois l’objet d’un renouvellement porté par les valeurs du mariage bourgeois ; et l’épreuve physique et morale de la consommation sexuelle qui met au jour, dans les plis de l’intimité, les rapports de domination entre les hommes et les femmes.