La relégation des récidivistes en Guyane française : les relégués au bagne colonial de Saint-Jean-du-Maroni, 1887-1953
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The law on the relegation of the recidivists, promulgated on May 27th, 1885, entailed the internment in French Guiana of about 17 893 individuals. This repressive device aims at clearing metropolitan France of a part of its delinquency by exiling it on the territory of one of its colonies. This law affects essentially delinquents guilty of common theft and wandering committed in recurrence. It strikes out at delinquents considered as incorrigible, that is as delinquents whom the imprisonment does not any more succeed in correcting. To do it, this law fits out a quantum supposed to determine an irrefutable presumption of incorrigibility which underlines their dangerousness and the nécessity of exiling them outside the society. The law plans secondly to allow them to become integrated within economic fabric and social of the colony and fits out various devices intended to facilitate their sustainable presence. Nevertheless, from 1887 till 1953, the former convicts are going to be interned within a colonial convict prison and to be employed for the needs of its maintenance under duress of hard labor. The project to make them colonists stays a pious wish and collides with numerous structural and cyclical constraints. Indicated as incorrigible on the ground of the metropolis, this stigma pursues them on the ground of the colony where it is shared by the agents of the prison authority, the colonial administration and by the local population, that is by ail the agents who normally have to allow and facilitate their installation.
Abstract FR:
La loi sur relégation des récidivistes, promulguée le 27 mai 1885, a entraîné l'internement en Guyane Française de près de 17 893 individus. Ce dispositif répressif vise à débarrasser la France métropolitaine d'une partie de sa délinquance en l'exilant sur le territoire d'une de ses colonies. Cette loi s'étend essentiellement à des délinquants coupables de vol simple et de vagabondage commis en récidive. Elle s'attaque à des délinquants envisagés comme des incorrigibles, c'est-à-dire comme des délinquants que la pénalité classique (l'emprisonnement) ne parvient plus à corriger. Pour ce faire, cette loi aménage un quantum censé déterminer une présomption irréfragable d'incorrigibilité qui souligne par là leur dangerosité et la nécessité de les exiler hors du corps social. Mais nuisibles sur le sol de la métropole, la loi prévoit dans un second temps de leur permettre de s'intégrer au sein du tissus économique et social de la colonie et aménage différents dispositifs destinés à favoriser leur implantation durable. De 1887 à 1953, les relégués vont néanmoins être internés au sein d'im bagne colonial et être employés aux besoins de son entretien sous la contrainte de travaux forcés. Le projet d'en faire des colons reste un vœu pieux et se heurte à de nombreuses contraintes structurelles et conjoncturelles. Signalés comme des incorrigibles sur le sol de la métropole, ce stigmate les poursuit sur le sol de la colonie où il est partagé par les agents de l'administration pénitentiaire, de l'administration coloniale et par la population: locale, c'est-à-dire par tous les agents normalement en charge de faciliter et de permettre leur installation sur place.