thesis

La mise en mots de l'oeuvre d'art : les écrits de Baillet de Saint-Julien et la genèse de la critique d'art en France au XVIIIe siècle

Defense date:

Jan. 1, 2009

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Institution:

Paris 10

Directors:

Abstract EN:

The purpose of this paper is to study the first documented art review published in the press and in brochures on the exhibitions by the Académie Royale de Peinture et de Sculpture at the Salon du Louvre. Greater emphasis is given to the work of Guillaume Baillet de Saint-Julien (1726-1795) who wrote texts on several “salons” as well as the first French poem on painting. Through research into archives, it was possible to piece together his biography and career as both a critic and collector who particularly appreciated drawings, engravings and French paintings. His “salons” are set against those of his contemporaries (La Font de Saint-Yenne, Gougenot, Laugier, Estève, Fréron, etc. ) as well as articles printed in the Mercure de France and the Journal de Trévoux to give both an overall and specific account of the origins of art reviews around 1750. This text focuses on the way in which works of art are translated into words and how judgment is expressed. Reviews are not transparent reflections of the work and consist of many diverse and contradictory dimensions. The authors use artistic discourse, follow the literary expectations of the time (while rejecting any form of erudition) to improve their position in society. The Baron de Saint-Julien was following his personal ambitions at a time when laymen were taking an interest in fine arts, much to the dismay of the Académie. Fascination with works of art does not include the artist whose role is minimised while critics use various strategic arguments to legitimise their positions. These new texts are written by non-specialists for laymen who crave greater ownership of these works of art through oral and written assessment.

Abstract FR:

Il s’agit d’étudier les premiers textes de critiques d’art publiés dans la presse et en brochures à l’occasion des expositions de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture au Salon du Louvre. L’accent est mis sur Guillaume Baillet de Saint-Julien (1726-1795), auteur de plusieurs « salons » et du premier poème français sur la peinture. Des recherches en archives ont permis de reconstituer sa biographie de critique et de collectionneur, amateur de dessin, de gravure et de peinture française. Ses « salons » sont étudiés en parallèle de ceux des critiques qui lui sont contemporains (La Font de Saint-Yenne, Gougenot, Laugier, Estève, Fréron, etc. ) et des articles parus dans le Mercure de France et le Journal de Trévoux pour dresser un examen à la fois global et précis de la critique d’art à ses débuts, vers 1750. L’intérêt se porte sur la mise en mots de l’œuvre d’art et sur la façon dont s’exprime le jugement. La critique n’est pas un reflet transparent de l’œuvre et contient des enjeux divers et contradictoires. Les auteurs tiennent un discours d’ordre artistique, suivent les attentes littéraires de leur temps (en rejetant toute érudition) en recherchant une ascension sociale. Le baron de Saint-Julien effectue un parcours personnel à une époque où les profanes s’intéressent aux beaux-arts, nouveauté mal acceptée par l’Académie. La fascination exercée par l’œuvre se fait aux dépens de l’artiste, dont le rôle est minoré, tandis que les critiques déploient des stratégies argumentatives pour légitimer leur intervention. Ce nouveau discours est rédigé par des non spécialistes et s’adresse à des néophytes désireux de s’approprier les œuvres par l’appréciation orale et écrite.