thesis

Expressionnisme et réalisme onirique en Espagne : l'œuvre de José Duarte (1928)

Defense date:

Jan. 1, 2006

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Institution:

Toulouse 2

Directors:

Abstract EN:

José Duarte, artist, painter, and graver was born, in Cordoba on January 23st 1928. He cursed his studies at the Escuela de Artes y Oficios Artísticos de Cordoba. At the age of 16 he entered the Escuela Superior de Bellas Artes de Sevilla, that he left in 1949. José Duarte is, without any doubt, a unique representative of his time characterized by a great complexity. Nowadays together with Guinovart, Canogar, Sempere and others, he can be considered as one of the most outstanding representative of Spanish art during the second half of the XXth century and the first of the XXIst. In the forties, Duarte reaches the most actual tendencies in art including the neo-cubism of Roger de La Fresnaye, the German New Objectivity or the inspiration of artists like Tamara Lempicka and Ewdard Hopper. His capabilities of tackling such modern issues within a society governed by the strict conservative rules imposed by Spanish Franco's regime are outstanding. During the fifties, Duarte definitively decides to join the Analytic Abstraction movement, initially alone and later on within the Equipo 57 Group (set forth by Denise René in 1957 and definitively made world wide known by the exhibitions of the Reina Sofia Museum in Madrid). In the next tow decades, Duarte is actively involved in national political activity against Franco's regime. He promotes and participates to international rallies to protect the Plastic Movement that was seriously criticised by the Spanish dictatorship. This political engagement is also reflected in his production that initially becomes violent and strongly expressive to mild out by the end of the seventies. Those two styles are expressions of the Social Realism and of the Dreamlike one. Both are a mirror of the sufferings of the human being left without his rights and his freedom. These two manifestations of the plastic movement are adapted to the Spanish specific reality, bringing to light the mystery and the “hidden face” which typically constitute one of the original sides of the Spanish art. During the Social Realism period, the main characters of his paintings are children from poor suburbs. They appear deformed by the expressionism style while violently projected by the motion of seesaws into a pseudo war scenario made of uncompleted or destroyed buildings. The palette appears to be logically shaded with strong light contrasts. Lines are widely traced in a nervous and in a very minimal fashion. On the other hand, when dealing with the Dreamlike Realism, the artist prefers to focus upon adult countrymen depicted in a open field scenario. The latter is represented as a very unfertile one, coloured with ochre tones using an intense light willing to mimic a typical summer time Andalusian country side. Both the Realism productions share the common feature of translating the “hidden face” from a universe characterized by its own decadence to another one focused upon the psychology of the human beings, his complex feature and difficulty in finding the path toward happiness. Since the beginning of democracy in Spain, Duarte´s themes and style smooth out leaving apart all kind of violent emotions favouring a much milder Realism. His paintings now deal with characters either standing by the side of swimming pools or collocated within elementary and full of light architectures. Later on, human characters are replaced with his everyday artists tools, books, flowers and shoes. This choice introduces another stage where all the expressive and futile elements disappear leading to a new production based on a composition made of basic geometrical entities. The colours of choice are now the primary and secondary ones. The use of the light pretends to transmit a sense of serenity typical of Dreamlike Realism. Finally, since the end of the nineties, Duarte's production reveals a new revolution: people and animals suddenly appears, after a long absence, rising from a surrealistic environment. These latest paintings introduce a brand new concept related with absurdity: men and animals appear to be blended, behaving in the same way, making impossible a definite differentiation between them as everyone follows irrationals and illogical patterns. Humans seems to have renounced to quest for happiness and, one of the basic motivation for life. In parallel, during the last five or six years, Duarte also paints objects : coloured bottles, corkscrew, irons, all of them extremely magnified. The general trend is toward the silence, tranquillity and introspection highlighting the poetry and the nostalgia for their history and original roots. The travel of José Duarte through the Analytic Abstraction, the Social Realism, Dreamlike Realism and a sort of surrealistic characterization, places this artist in-between the founders of the Spanish Avant Garde of the second half of the XXth century. Today, he is one of the most recognized artists in his own country.

Abstract FR:

L'artiste peintre et graveur José Duarte naît à Cordoue le 21 janvier 1928. Après une première inscription à l'Ecole des Arts Appliqués et des Métiers Artistiques de Cordoue, il entre à seize ans à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Sainte Isabelle de Hongrie à Séville, qu'il quitte en 1949. D'une diversité étonnante, l'oeuvre de Duarte nous expose à elle seule une grande partie du panorama complexe et unique de l'art de l'Espagne dans la deuxième moitié du XXe siècle et le début du XXIe, tandis que le talent et la notoriété de l'artiste le rangent désormais aux côtés de Guinovart, Canogar Sempere, Saura et tant d'autres grands maîtres espagnols actuels. Dès les années quarante, Duarte, avec pour seul moyen la figuration et pour seul exemple l'académisme, atteint de manière inconsciente et étonnante, dans une société dénuée de libertés et régie par l'esprit rétrograde du franquisme, la modernité des néo-cubistes tel Roger de La Fresnaye, de la Nouvelle Objectivité allemande, de Tamara Lempicka ou de Edward Hopper. Puis, dans les années 50, il se lance dans l'abstraction analytique d'abord seul, puis au sein de Equipo 57 (découvert en 1957 par Denise René à Paris et consacré en 1993 par le Musée Reina Sofía), accordant ses convictions personnelles avec les théories philosophiques qui accompagnent ce mouvement. Les années 60 et 70 voient Duarte s'engager activement dans la résistance au sein de Estampa Popular, groupement plastique dénigré voire menacé par le régime, et participer à des manifestations internationales condamnant la dictature franquiste. Ces actions s'accompagnent dès lors d'une figuration fortement expressive, violente au départ, sereine par la suite : le réalisme social et le réalisme onirique, révélateurs de la souffrance de l'homme privé de ses droits et de ses libertés. Ces deux mouvements plastiques, se présentent dans leur réalité ou spécificité espagnole et dégagent ainsi le mystère, " la face cachée " qui leurs sont propres. Dans la période du réalisme social, des enfants de banlieues pauvres, salis et défigurés par le traitement expressionniste, sont violemment projetés par des balançoires ou présentés au centre d'architectures inachevées ou ruinées, comme après un bombardement. La palette apparaît logiquement sombre et contrastée tandis que la ligne s'avère large, nerveuse et économisée à l'extrême. Le réalisme onirique, quant à lui, met en scène des paysans adultes délicatement décris par un tracé précis et dans une attitude de recueillement désespéré, au milieu de paysages infertiles, baignés de couleurs ocres et d'une lumière intense, reflétant l'été aride sur la campagne andalouse. Ainsi, ces périodes se caractérisent par le déplacement de cette " face cachée " d'un monde occupé par son chavirement, à un autre univers, davantage concentré sur la psychologie de l'Etre, son essence complexe et sa difficulté à trouver le bonheur. Dès l'avènement de la démocratie, les thèmes et la manière de Duarte se détendent et abandonnent toute émotion violente. L'artiste approche depuis une figuration " douce ", évoquant d'abord des scènes de loisirs et de plénitude à travers l'insertion d'un ou deux personnages autour d'une piscine ou dans des architectures lumineuses et élémentaires, puis peuplée par la suite des seuls objets usuels et quotidiens de son atelier, faisant disparaître alors les figures anthropomorphes. Dégagée de tout élément expressif et superflu, cette nouvelle manière se concentre sur la géométrie élémentaire de la composition et présente une palette où prévalent les couleurs primaires et secondaires, et où une lumière contenue apporte un sentiment de sérénité, sans réprimer cependant cet accent onirique typique de son art. Enfin, si dans la période actuelle, depuis la fin des années 90 à nos jours, la manière plastique et la scénographie (l'appartement de l'artiste) demeurent similaires, nous assistons cependant à un véritable revirement dans l'œuvre de José Duarte, puisque des personnages et des animaux surgissent soudainement, après presque quinze ans d'absence et dans une atmosphère surréaliste. A l'émotion contenue et pudique du journal intime du peintre et à la réflexion métaphysique qui naît de l'immuable " face cachée " de son œuvre entière, il faut désormais ajouter un nouveau concept, celui de l'absurde. L'absurde d'un monde où hommes et animaux se confondent parfois dans un même comportement irrationnel ou dénué d'intelligence, le pourquoi de certaines situations dépourvues de sens où l'Homme réagit contrairement à sa propre logique et à son intérêt et paraît renoncer consciemment ou inconsciemment à son aspiration au bonheur, véritable et unique but de son existence. Parallèlement, Duarte nous présente depuis quatre ou cinq ans des " portraits d'objets ", bouteilles colorées, tire-bouchons, fers à repasser, seuls et grossis, " posant " devant le spectateur, et qui tendent étrangement à l'introspection à travers le silence et la quiétude qui s'en dégagent et la charge poétique et nostalgique de leur histoire. José Duarte, à travers l'abstraction analytique, le réalisme social, le réalisme onirique et une certaine figuration surréalisante, se place incontestablement parmi les inventeurs de l'avant-garde espagnole de l'après-guerre civile et jouit aujourd'hui d'une notoriété méritée dans son pays natal.