Les Ménines en vitesse : la mise à nu de la peinture comme critique du "temps social" dans l'oeuvre de Marcel Duchamp
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
In what the Duchamp's word is mannerist? The iconographic study of paintings and drawings made in between 1910 and 1912 (principally Young Man and Girl in Spring, Yvonne and Magdeleine Torn in Tatters, Dulcinea, Sonata, Nude Descending a Staircase, Portrait of Chess Players, The King and Queen Surrounded by Swift Nudes, The Passage from Virgin to Bride, Bride) convenes a multitude of artistic and literary works (Bosch, Leonardo, Bellange, Arcimboldo, Vélasquez, Goya, Hogarth, Bartholdi, Gutfreund and also Laforgue, Jarry, Villiers de l'Isle-Adam, Goethe, Ossian, Mallarmé) which emerge as many fragments wisely recomposed. Duchamp, like the mannerists of the 16th century towards the great masters of the Renaissance, submits his sources into a complex narration which finds its result in The Large Glass. The "stripping bare" of the painting has as a corollary the subject of the garment, compulsion and source of alienation exercised on the body by the profane rituals of a society having as a mythological base the biblical episode of the Giving of the garment. Critic of "social time" gives birth to another tension, the confrontation of the Classicism and the Baroque : a disillusioned mannerism which brings his works in level of allegory of painting.
Abstract FR:
En quoi le discours duchampien est-il maniériste ? L'étude iconographique des peintures et dessins exécutés entre 1910 et 1912 (principalement Jeune homme et jeune fille dans le printemps, Dulcinée, Nu descendant un escalier, Portrait de joueurs d'échecs, Le Roi et la reine entourés de nus vites, Le Passage de la vierge à la mariée, Mariée) convoque une multitude d'œuvres artistiques (Bosch, Léonard, Bellange, Arcimboldo, Vélasquez, Goya, Hogarth, Bartholdi, Gutfreund) ou littéraires (Laforgue, Jarry, Villiers de l'Isle-Adam, Goethe, Ossian, Mallarmé) qui surgissent comme autant de fragments savamment recomposés. Duchamp, comme les maniéristes du XVIe siècle à l'égard des grands maîtres de la Renaissance, soumet ces sources à une narration complexe qui trouve son aboutissement dans le Grand Verre. La "mise à nu" de la peinture a pour corollaire la thématique du port du vêtement, contrainte (et source d'aliénation) exercée sur le corps par les rituels profanes d'une société ayant pour fondement mythologique l'épisode biblique de la Remise du vêtement. De la critique du "temps social" naît une autre tension, la confrontation du classicisme et du baroque : un maniérisme désenchanté, arcimboldesque, qui élève les œuvres au rang d'allégorie de la peinture.