L'enlèvement : les mouvements du désir : ses représentations dans l'art occidental, de la Renaissance au XXe siècle
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This study is based on a wide range of works and texts which provide the starting point. Their comparison allows to study the stakes of abduction representation. There is no chronological objective, but choosing the love abductions, the first question refers to the etymology of the term “abduction” and its various meanings, from rape to rapture. A whole series of actions follow such as to take away, to lift up, to move. The disruptions and contradictory impulses of desire are represented by the dynamic of abduction. When there is passion, the image used are those of amorous pursuit, brutal fevers; when it is strategic, the representation changes, and concentrates on the presence of accomplices or signs indicating the trap into which the victim will fall. The movement is stopped. In the examples of men abducted by women it would appear that desire is suffered rather than voluntary. The position of domination is reversed for the dominated. The only choice left to the abductor is to grabe the object of desire. At the same time, inertia rather than activity is the emotion's signal. The main combined of power and apathy affect the woman when she has decided to be abducted. The apathy represents and agreement and leads to the abduction, where the body is overwhelmed and where the soul swoons and flys away with a feeling of unlimited pleasure. Moving the study to the social experience, we notice that if abductions are punished, their representations mix the erotic symbol of the subject with the wedding rules, and with panegyric or hegemonic speeches.
Abstract FR:
L'analyse se fixe sur un vaste choix d'œuvres et de textes littéraires ; ils constituent le corpus de départ. Leur confrontation permet d'étudier les enjeux de la représentation de l'enlèvement. Sans objectif chronologique, mais orientant le choix sur les enlèvements amoureux, la première interrogation se porte sur l'étymologie du terme " enlèvement " et ses diverses acceptions – du rapt (proche du viol) au ravissement (voisin de l'extase mystique). Se dégage une série d'actions comme emporter, soulever, déplacer. Les bouleversements et les élans antinomiques du désir sont figurés par la dynamique de l'enlèvement. Lorsqu'il est passion, l'enlèvement propose des images de traques amoureuses, de fièvres bestiales ; lorsqu'il est stratégies, la représentation arrête le mouvement et se concentre sur la présence de complices ou sur des signes permettant de déceler le piège dans lequel va tomber la victime. Par ailleurs, il apparaît, avec les exemples d'hommes enlevés par des femmes, que le désir est subit plutôt que décidé. La position de domination s'inverse pour celle de dominée. L'enleveur ne semble pas avoir d'autre alternative que de s'emparer du corps convoité. De même, bien plus que la mobilité, l'immobilité devient l'indice de l'émotion. Cette essentielle combinaison de la volonté et de l'apathie touche l'enlevée lorsqu'elle choisit de se laisser enlever. L'inertie figure le consentement et va jusqu'à l'image du ravissement où le corps est terrassé, où l'âme se pâme et s'envole dans une expression d'infinie jouissance. Déplaçant l'analyse vers la pratique sociale, nous constatons que si les enlèvements sont réprimés, les représentations articulent malgré tout l'imaginaire et la symbolique érotique du thème aux lois des alliances matrimoniales, à des discours panégyriques ou hégémoniques.