Abstract FR:

Cette thèse tente d'éclaircir le rôle des analogies et de la référence à la révolution française en cernant leurs effets. En deca des discours explicites rejetant le modèle de la R. F. , les analogies révèlent les mentalités révolutionnaires, nourries de mythes, qui récupèrent le modèle initial à travers la recherche d'une nouvelle identité rev. , qui, en l'absence d'autre parent, bute indéniablement sur les jacobins. Le type de révolutionnaire auquel aspirent les russes se perd dans l'ambiguïté créée par l'utilisation de la ressemblance et le refus de l'identification aux jacobins. La récupération du modèle s'opère d'autant plus facilement que les mentalités russes, fort marquées par le despotisme, étaient inclinés à accepter l'étatisme jacobin. Après 1917, le précèdent historique pèse si lourd sur les mentalités que les analogies confinant à l'obsession deviennent opératoires. D'abord, les silences, puis la façon troublée d'évoquer thermidor, enfin l'acharnement avec lequel les bolcheviks luttent contre le fantôme de thermidor, tout ceci montre que, contrairement à ce qu'ils disent, les bolcheviks agissent comme des jacobins. La prise de conscience historique, manifesté à travers des réflexions disparates sur les deux révolutions, s'est réduite vers les années 30 à une conception soviétique de l'histoire, inamovible aujourd'hui encore. Dans l'élaboration de cette conception, les analogies avec la R. F. Ont joué et continuent à jouer le rôle d'obstacle épistémologique si les acteurs de la révolution subissent cet effet des analogies, les spectateurs de la scène soviétique profitent de l'effet inverse: les analogies alimentent leurs réflexion sur la nature de l'URSS.