Abstract FR:

La revue de langue arabe Al-Asâla, publiée par le Ministère des affaires religieuses en Algérie, fut dès sa création en 1971 l'organe privilégie d'un puissant courant fondamentaliste algérien, invoquant l'héritage d'Ibn Badis et du réformisme musulman. Ce courant entend réislamiser la société depuis l'état, restaurer la loi islamique et revenir à une morale stricte, pour faire recouvrer au pays son authenticité immunitaire. A partir d'une réflexion sur la culture, la langue, l'histoire, l'identité nationale et le pouvoir s'élabore un projet de société visant à dépasser une crise perçue en terme de perte de valeurs, et à investir la modernité en la repensant depuis l'islam. La publication a connu une nette évolution : de 1971 à 1975, fondamentalistes modérés et progressistes révolutionnaires s'y sont rapprochés pour revendiquer ensemble une arabisation rapide et totale du pays. La revue s'est fortement radicalisée après 1977, et surtout au lendemain de la révolution iranienne, s'ouvrant même à certaines figures du fondamentalisme de contestation, considérées comme des ténors du militantisme islamiste en Algérie. Un discours rejetant le nationalisme, et renonçant à légitimer le régime algérien pour appeler à une restauration d'un califat sur l'umma islamique, fut développé dans la publication, qui fut suspendue en 1981.