De la cause de Dieu à la cause de la Nation : le jansénisme au XVIIIe siècle
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The thesis tries to identify the specificity of the hansenist movement in the XVIIIth century viewing in all its course, from the Unigenitus Bull in 1713 until the civilian constitution of the clergy in 1790, through the episode of the "convulsions" and parliamentary battles of the second half of the century. The leading thread of this story, the fundamental element which gives it unity is constituted by figurism. Figurism is a method of exegesis and theology of history the inspiration of which can be found at the root of all expressions and transformations of the movement. The thesis is organised in three books which correspond to the three key phases of the study. The first book is an analysis of the rebirth both doctrinal and organisational of the jansenist party caused by the Unigenitus Bull, particularly under the form of a clandestine bookshop. The second replaces the emerging of the movement of the convulsionaries from the angle of the figurist acculturation of the people of the faithful. The third book is an attempt, finally, to elucidate the enigma constituted by the political transfiguration of jansenism within the parliamentary battle after the crisis of the refusals of the sacraments. The first part in this process is hold by the figurist barrister and partisan of the convulsions Louis-Adrien La Paige, of whom we establish the omnipresent activity of "éminence grise". But figurist filiation does not stop there : it goes on until french revolution, where it can be seen at work during the debate on the civilian constitution of the clergy as much as in the attempt of rebuilding the constitutional church under the Directoire It is through it that jansenism has been able to shift from the defence of the "cause of God" to the defence of the "cause of the nation".
Abstract FR:
La thèse tente de cerner l'originalité du mouvement janséniste au XVIIIe siècle en l'embrassant dans son cours entier, depuis la Bulle Unigenitus de 1713 jusqu'à la Constitution civile du clergé de 1790, en passant par l'épisode des "convulsions" et les luttes parlementaires de la seconde moitié du siècle. Le fil conducteur de cette histoire, l'élément fondamental qui lui donne son unité, s'efforce-t-on de montrer, est constitué par le figurisme, méthode d'exégèse et théologie de l'histoire dont l'inspiration se retrouve à la base de toutes les expressions et transformations du mouvement. La thèse est organisée en trois livres qui correspondent aux trois temps forts du parcours. Le premier livre analyse la renaissance à la fois doctrinale et organisationnelle du parti janséniste suscitée par la Bulle Unigenitus. Il reconstitue les conditions d'élaboration de la doctrine figuriste, initiée par Duguet et développée par ses disciples, principalement l'abbé Jean-Baptiste Le Sesne des Ménilles d'Etemard. Il met en lumière le rôle du petit groupe des théologiens figuristes du séminaire de Saint-Magloire dans l'organisation du réseau de la résistance, notamment sous la forme d'une librairie clandestine. Le second livre resitue l'apparition du mouvement des convulsionnaires dans le prolongement de l'acculturation figuriste du peuple des fidèles. Il dégage la signification des dissensions doctrinales qui s'ensuivent au sein du parti janséniste et qui provoquent son éclatement. Le troisième livre s'efforce, enfin, d'élucider l'énigme que représente la transfiguration politique du jansénisme au sein du combat parlementaire à partir de la crise des refus de sacrements. Le premier rôle dans ce processus revient à l'avocat figuriste et partisan des convulsions Louis-Adrien La Paige, dont on établit l'omniprésente activité d'éminence grise. La stratégie parlementaire ne se comprend qu'en fonction de la figure d'un Port-Royal idéal, reconstruite en fonction de l'ecclésiologie du "témoignage de la vérité". C'est dans ce cadre interprétatif que s'inscrit en particulier la lutte contre les jésuites, dont l'explulsion en 1762 représente le point culminant du combat mené par le jansénisme parlementaire. Mais la filiation figuriste ne s'arrête pas là : elle court jusqu'à la révolution Française, où on la discerne à l'oeuvre tant lors du débat autour de la Constitution civile du clergé que dans la tentative de reconstruction de l'Eglise constitutionnelle sous le Directoire. C'est par son intermédiaire que le jansénisme a pu passé de la défense de la "cause de Dieu" à la défense de la "cause de la Nation".