thesis

Des chrétiens entre Rome et Genève : une histoire de choix religieux en France, vers 1520-vers 1610

Defense date:

Jan. 1, 1994

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Institution:

Paris 1

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

From 1520 up to 1580, western christianity was split by the two competing protestant and catholic reformations. Each camp set up its own church which pretended to be universal, yet this denominational settlement (konfessionsbildung) was too quick to be fully acceptable by all christians (it hardly covered a life-span). Neither the history of churches nor a history of doctrines have so far properly insisted on the existence of a distinctive via media advocated by a number of contemporaries. This approach rests on a history of religious sensibility, and a number of individual cases emerge. Four groups of people were involved at the time : nicodemites, moyenneurs, temporiseurs et ireniques. The nicodemites (in particular Marguerite de Navarre and her confessor, Gérard Roussel) and the middle-of-the-road moyenneurs (Claude D’Espense, cardinal Charles de Lorraine, Charles du Moulin, Jean de Monluc and Michel de L'Hospital. . . ) Lived in the fir st half of the sixteenth century, prior to the 1550-60 turning point. They could still regard themselves as catholic, though it was increasingly difficult to avoid denominational commitment. The irenics (especially the protestant jean hotman de villiers and the catholic pierre de l'estoile) only paid lip service to religious allegiance, while the delaying temporiseurs (Hugues Sureau du Rosier, and some inhabitants of troyes in champagne and lectoure in gascony) tri ed to postpone their choice indefinitely in the 1560s-1580s. This study questions received denominational interpretation s, by introducing new, hitherto unexplored distinctions between catholicism and the catholic reformation. In tum, it ope ns, new perspectives on the conversion of Henri IV, seventeenth-century arminianism and jansenism, not ot forget later deism in the age of the enlightement.

Abstract FR:

1520-1580 : Deux mises en œuvre rivales de l'idéal de réforme, les réformations protestante et catholique, déchirent la chrétienté occidentale. Chacune constitue une église qui prétend à l'universalité. Mais ce phénomène de « construction confessionnelle » (konfessionsbildung) est trop rapide (à peine le temps d'une vie) pour que tous les chrétiens parviennent à l'accepter sans difficulté. Or, ni l'histoire des églises, ni l'histoire des dogmes ne rendent compte de positions « d'entredeux confessionnel » pourtant fort répandues. Pour les aborder, il faut, au contraire, tenter une histoire de la sensibilité religieuse, être attentif aux destins singuliers. Ceux-ci ont permis l'élaboration de quatre concepts : nicodemites, moyenneurs, temporiseurs et ireniques. Nicodemites (en particulier Marguerite de Navarre et son confesseur Gérard Roussel) et moyenneurs (notamment, a des titres divers, Claude d'Espense, le cardinal Charles de Lorraine, Charles du Moulin, Jean de Monluc et Michel de L'Hospital) sont inscrits dans le premier XVIe siècle, avant le tournant des années 1550-1560, donc dans une époque où il demeure possible, même si c'est de plus en plus difficile, de refuser le choix confessionnel tout en restant catholique; les iréniques, quant à eux (surtout Jean Hotman de Villiers et Pierre de L'Estoile), dans les années 1580-1610, catholiques comme protestants, n'ont pu que s'y plier, tout en le relativisant. Enfin les temporiseurs (Hugues Sureau du Rosier, les « fidèles infidèles » de Troyes et de Lectoure. . . ), encore dans les années 1560-1580, ont tout fait pour le différer. L'étude permet d'abandonner la vision frontale traditionnelle, et d'opérer des distinctions qui manquent aux analyses habituelles du fait confessionnel, en particulier entre catholicisme et reformation catholique. Elle facilite, entre autres, la compréhension de la conversion d'Henri IV, elle éclaire d'un jour nouveau des phénomènes majeurs du XVIIe siècle , tels que le jansénisme voire l'arminianisme, et elle contribue à mieux comprendre le développement du déisme au XVIIIe.