La Chambre des pairs héréditaires de la Restauration 1814-1830 : débat idéologique et pratique politique
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The hereditary upper Chamber of the Restoration (1814-1830) can be considered as a key element of the complex interaction that sets in between monarchy and nation from 1789 onwards. It constitutes in 1814 one of the solutions of the quest of the difficult but necessary balance that France has tried to strike since the revolution between the royal prerogative, swept away in 1789 but restorered in 1814, and a now inavoidable nation; between a differentiated representation of society and the principle of national unity. "balance of powers" between the crown and the "democratic" chamber, the chamber of peers concentrates and legitimates the elite of the realm. This very link, fully assumed during the restoration, between the political power, which is both conservative and moderating, and the social power, constitutes both its strength and weakness. The drift of a chamber of peers, first meant to allow the fusion of the old elites with the new ones, toward a recruitment which favours in the 1820's, the old "departemental" and "landlowning" nobility to the expense of the new elites that rise from individual success and merit, eventually condemns the hereditariness of an institution which is politically efficient, because of its complementariness to the lower chamber, but socially anachronic in 1830. It is no coincidence if the upper chamber of the restoration was created in 1814. 25 years of debates over bicameralism, starting in the second half of the 18th century, explain its inclusion in the 1814 charter. Furthermore the issue of hereditariness cannot be grasped without tackling the great debate of 1831 over its abolition. This research, which deals with constitutional history, the history of political and social ideas and that of parliamentary practices, therefore encompasses a wide period ranging from 1789 to 1831.
Abstract FR:
La Chambre haute héréditaire de la Restauration (1814-1830) peut être considérée comme une pièce maitresse du jeu complexe qui s'instaure à partir de 1789 entre la Monarchie et la Nation. Elle est, en 1814, l'une des solutions trouvées à la recherche du difficile mais nécessaire équilibre que la France tente d'établir depuis la Révolution entre la prérogative royale balayée en 1789, restaurée en 1814, et une nation devenue incontournable; entre une représentation différenciée de la société et le principe d'unité nationale. Balance des pouvoirs entre la couronne et la chambre "démocratique", la Chambre des pairs résume et fonde en droit l’élite du royaume. C'est ce lien entre pouvoir politique, à la fois conservateur et modérateur, pleinement assume sous la Restauration, et puissance sociale, qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Les dérives d'une chambre des pairs d'abord destinée à être l'instrument de la fusion des élites anciennes et nouvelles, vers un recrutement qui privilégie dans les années 1820 l'ancienne noblesse "départementale" et "propriétaire", au dépend des nouvelles élites de la réussite individuelle et du mérite, condamnent à terme l'hérédité d'une institution politiquement efficace dans ses différences avec la chambre basse, mais socialement anachronique en 1830. La chambre haute de la Restauration n'est pas née par hasard en 1814. 25 années de débats autour du bicaméralisme, depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle, expliquent son inscription dans la charte de 1814. De plus, la question de l'hérédité ne peut être comprise sans aborder le grand débat de 1831 sur son abolition. Ainsi, cette étude qui relève à la fois de l'histoire constitutionnelle, de l'histoire des idées politiques et sociales, et de celle des pratiques parlementaires, a-t-elle été menée sur une période large, de 1789 à 1831.