thesis

Le saint chreme dans les traditions populaires et les legendes chretiennes

Defense date:

Jan. 1, 1986

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Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Abstract EN:

The chrism intervenes in anointing rites: baptism, the anointment of priests and kings. Its liturgical meaning is rooted in the substances which compose it: oil and foremost balsam, an oriental perfume. The medieval discourse on the chrism takes up again what in antiquity natural science said about aromatics and enriches it with references to the scriptures. The orient of ancient geographers comes close to the myth of eden. Balsam is the fruit of the tree of life, or a treasure guarded by dragons, linked with the merging of the earth and of the sky, its nature corresponds to its major liturgical function: marking the reconciliation of man and god. Balsam has the same meaning as the redeemer. In some legends from the apocrypha, balm trees arise from the sweat of christ. The cross is aromatic. It arises between the sky and the earth a christ whose aromatic humours anoint his holy companions. Christ, the anointed of god, is a king. The anointment can be traced in the coronation, but the links between christian kings and christ can be expressed differently in legends. The figurs of prester john, the graal king, contantine the great express a christian conception of the sacred kingship and take place in the symbolic space of aromatics. So, texts as different as bestiaries, travel stories, hagiographic or royal legends, liturgical and medical writings reflect the same vision of the world, still perceptible in some later ethnographic sources. The christian mythology of aromatics meets some typical traits of medieval culture: the importance of the wonders, the construction of a qualitative space, the role of crusades and pilgrinages. A concrete conception of nature and of the supernatural blurs the frontiers between the different parts of knowledge and centers all the aspects of intellectual culture on the christian message.

Abstract FR:

Le saint chreme intervient dans les rituels d'onction : bapteme, consecration des pretres et des rois. Son sens liturgique s'enracine dans les substances qui le composent : l'huile et surtout le baume, un parfum venu d'orient. Au moyen age, le discours sur le chreme reprend celui que l'histoire naturelle antique a tenu sur les aromates et l'enrichit de references a l'ecriture. L'orient des anciens geographes rejoint le mythe de l'eden ; le baume devient le fruit de l' arbre de vie, ou un tresor garde par des dragons. Associee a la rencontre de la terre et du ciel, sa nature repond a sa fonction liturgique majeure : marquer la reconciliation des hommes et de dieu. La signification du baume rejoint ainsi celle du redempteur. Dans des legendes issues des apocryphes, les baumiers naissent de la sueur du christ. La croix est parfumee. Nouvel arbre de vie, elle eleve entre ciel et terre un christ dont les humeurs parfumees conferent une onction a ses saints compagnons. Le christ, l'oint de dieu, est enfin un roi. On retrouve l'onction dans le sacre, mais les liens des rois et empereurs chretiens avec le christ ont dans les legendes bien d'autres expressions. Les figures du pretre jean, du roi du graal, de constantin le grand, expriment une conception chretienne de la royaute sacree, et s'inscrivent dans l'espace symbolique des aromates. Des textes aussi divers que les bestiaires, recits de voyages, legendes hagiographiques ou royales, ecrits liturgiques ou medicaux refletent donc une meme vision du monde, encore perceptible dans des sources ethnographiques plus tardives. Cette mythologie chretienne des aromates, qui trouve ses premisses dans les evangiles, rejoint plusieurs traits caracteristiques de la culture medievale : importance du merveilleux, construction d'un espace valorise, role de la croisade et du pelerinage. Une pensee concrete de la nature et du surnaturel estompe les frontieres entre les savoirs, et unifie autour du message chretien tous les aspects de la culture intellectuelle.