thesis

La morale des corps. Le soin de proprete corporelle a paris. Evolution des normes et des pratiques : mille huit cent cinquante - mille neuf cent

Defense date:

Jan. 1, 1986

Edit

Institution:

Paris, EHESS

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Until the xviiith century, body dirt is part of the human setting; it suddenly becomes unacceptable in the xixth century. Together with technological and scientific advances, medical science and the surge of the hygienist movement contribute to the obsession of unwashed dirt, miasmatic carrier of contagious disease. Standards of corporal cleanliness emerge, a through cleanliness is to be observed, water replaces air as the preferred medium. Cleanliness reflects the order of organic beings and denotes an orderly conscience : it is meant to edify. Bodies are drilled to cleanly habits. In the second half of the xixth century the french republic, foreshadowed in this by the 2nd empire, deliberately favors an educational policy based on hygienics. It publicizes hygienic standards for the common people and establishes rules intended to govern individual patterns of sanitary behaviour in various sections of the community, such as schools, army barracks, etc. . . Having access to habits of cleanliness entails frequent visits to the structures of public hygiene : the paris town-council establishes a citywide network of baths; meanwhile, the bodies of the well-to-do gamboe playfully in watery realms which point to the emergence of a leisure time society. The provision of sanitary facilities inside the home turns corporal hygiene into a private matter. Modern conveniences are arranged with running water in the housing sector : new objects and new domestic spaces appear. However, in spite of inflated speeches and central government's incentive policy, over a century elapses before cleanliness can become a commonplace gesture. Cleanliness in the xixth century is a code of appearances; it reflects an industrial, technical, middle-class and democratic society.

Abstract FR:

Jusqu'au xviiie siecle, la crasse fait partie du paysage quotidien; au xixe siecle, elle devient soudain inacceptable. Le triomphe du mouvement hygieniste et de la medicalisation, le progres des sciences et des techniques induisent la hantise d'une crasse porteuse de miasme et de contagiosite epidemique. Les normes de proprete corporelle se definissent, soumettant les corps a l'imperatif d'une proprete minutieuse dont l'eau plutot que l'air est desormais l'instrument. Indice de l'ordre organique, la proprete se veut aussi symptome de l'ordre des consciences : la proprete corporelle est moralisatrice. L'objectif est alors de dresser les corps au geste de proprete. Dans la seconde moitie du xixe siecle, l'etat republicain, prefigure pour partie sous le second empire, se montre dirigiste, hygieniste et pedagogue. Il entreprend de diffuser les normes d'hygiene crees pour le peuple, s'attache a reglementer voire a regenter les comportements sanitaires dans le cadre des collectivites par ou se controlent les comportements individuels : la creche, l'ecole, l'armee, la prison, l'asile de nuit, le logement ouvrier. L'acces au soin de proprete passe aussi par la frequentation des edifices de l'hygiene publique : pour mieux promouvoir la morale de l'hygiene, la municipalite parisienne erige a travers la ville un vaste reseau d'etablissements de bains, de piscines et de bains-douches, alors que les corps bourgeois s'ebattent dans des aires aquatiques ludiques qui annoncent deja la civilisation des loisirs. Le geste de proprete se privatise avec la generalisation de l'equipement sanitaire a domicile : l'hygiene corporelle, de publique, devient privee. Le confort moderne s'organise en liaison avec le nouvel equipement en eau courante des logements : de nouveaux espaces et de nouveaux objets apparaissent. Toutefois, malgre l'inflation du discours et la politique incitative des autorites, le geste de proprete met plus d'un siecle a se banaliser. Code du paraitre, la proprete est au xixe siecle l'expression de la societe democratique, bourgeoise