Le vagabond dans la société française (1871-1914) : recherches sur les procédures de construction d'une identité sociale
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The study of vagrancy and vagrants from 1871 to 1914 sets the identity problem of an outcast social group. The images of vagrants explain the attitude of self defense versus the antisocial. The third republic endeavours to fulfil the community's hopes to get rid of outcasts classed as vagrants. The vagrant, cutt off from the working class, embodies all social disease. And this leads to banishment law in 1885, then to roundups till 1899. Repression fails and no solution is ahead. Next of the "bad" vagrant, stands the myth of the good vagrant. On the one hand, defenders of social reforms lie among the leftwing of the republican party. On the other hand, catholic circles and libertarians, more radical in their points of views, stand up for vagrants. The state intervention as well as the passing of social laws, at the beginning of the century seem to lead to a decrease in vagrancy. According to judicial writs, vagrants are mainly young men with few family ties. Due to their lack of education, they find gread difficulties in adapting themselves. They are phisically and psychologically weak, they suffer a lot from crisis, the more as they lack social resistance. They are not criminals. The study of vagrancy shows varied opinions depending on aeras (the West being more tolerant towards the destitutes than Yonne). The vagrant is lonely, he speaks very little, has no social life, bears little hope. He builds his identity according to what society has in store for him. With vagrants we can look through the condition of society more than through the vagrant himself. The vagrant's identity is covered by social representation. According to the importance of the crisis, they lead to repression and exclusion which lets no ground for understanding and welfare of vagrants.
Abstract FR:
L'étude du vagabondage et des vagabonds de 1871 à 1914 pose le problème de l'identité d'un groupe social marginalise. Les représentations des errants justifient l'attitude de légitime défense contre l'antisocial. La IIIème république tente de réaliser le rêve d'une communauté débarrassée de ses marginaux assimiles a la classe vagabonde. Le vagabond, séparé de la classe ouvrière, devient synonyme de toutes les plaies sociales. Cela aboutit à la loi de relégation de 1885 puis jusqu'en 1899 aux rafles de vagabonds. La logique répressive échoue et ne trouve aucune solution de remplacement. Face à cette image noire du vagabondage se maintient le mythe de la bonne errance. Les défenseurs des reformes sociales se recrutent dans la gauche du parti républicain. Plus tranchés dans leurs positions, les milieux catholiques intransigeants et les libertaires prennent la défense de l'errant. L'intervention de l'état et le vote des lois sociales au début du siècle semblent avoir eu une action bénéfique dans le tarissement de l'errance. D'après les dossiers correctionnels, les vagabonds sont surtout des hommes jeunes aux liens distendus avec leur milieu d'origine souffrant de grandes difficultés d'adaptation provoquées par leur manque de formation. Physiquement et psychiquement fragiles, ils sont victimes des crises car leurs résistances à la désocialisation sont faibles. Ce ne sont pas des criminels. Suivant les régions, les sensibilités divergent (l'Ouest plus tolérant envers les plus démunis que l'Yonne). Solitaire, le vagabond parle peu, n'a aucune vie sociale, peu d'espoir. Son identité se construit en réaction à ce que la société lui impose. À travers l'étude des vagabonds, c'est plus l'état de la société que l'on découvre que le vagabond lui-même. L'identité du vagabond s'efface sous les représentations sociales. Elles impliquent, suivant l'intensité des crises, une répression et une exclusion laissant peu de place à la compréhension et à la prise en charge sociale de la pauvreté errante.