thesis

"Réalité, peinture pure" : l'oeuvre de Robert Delaunay jusqu'en 1914

Defense date:

Jan. 1, 1998

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Institution:

Paris 4

Directors:

Abstract EN:

If the early work of Robert Delaunay (1885-1941) reveals a careful application of the lessons of light of the impressionists, this first phase is rapidly transgressed after he reads the scientific essays on color by Eugene Chevreul and Ogden Rood. These books enrich his reflexion on simultaneous contrast when offering him a structural law of the perception of colors. After having experimented with the divisionist touch, Delaunay assimilates with a rare intuition the spatial lessons of Cézanne. Receptif to the exhortations of the futurists and fascinated by the Douanier Rousseau’s popular figure, Delaunay associates primitivism and modernity in a search for the origin which nourishes his "orphic" conception of light. To the primitive code of the cubists of the bateau-lavoir, he opposes the impressionist argument of the innocent eye defended by Laforgue according to which the phenomenal world can be reduced to a series of colored vibrations. The window becomes the ideal motif for an application of the topologic conception of colors as it appears in Chevreuls’ theory. Delaunay then masters the prismatic dispersal using a gyratory form which orientates the gaze without the risk of inhibitory tensions. The painting, which has become with "formes circulaires" a pure transfer of luminous energy and allows a physiological reflexion on the autonomy of painting and its ability to transcribe, by the sole dynamogenic encounter of colors, the activity of the eye tempting to apprehend the fleeting essence of the world. This reflexion concludes with "disque simultané" (1913), conceived as a standardized surface on which the eye can measure its limits and the spread of its mobility.

Abstract FR:

Si les débuts de Robert Delaunay (1885-1941) dans la peinture de chevalet révèlent une interprétation appliquée des leçons luministes de l'impressionnisme, cette première étape est rapidement transgressée à la suite de sa lecture des traités scientifiques sur la couleur d’Eugène Chevreul et Ogden Rood. Ces ouvrages nourrissent sa réflexion sur le "contraste simultané" en lui offrant une loi structurale de la perception des couleurs. Apres avoir expérimenté la touche pavimenteuse du divisionnisme, Delaunay assimile, avec une rare intuition, les leçons spatiales de Cézanne. Attentif aux exhortations futuristes et fasciné par le personnage "populaire" du douanier rousseau, Delaunay associe primitivisme et modernité dans une quête de l'origine qui nourrit sa conception "orphique" de la lumière. Au code primitif des cubistes du bateau lavoir, il oppose l'argument impressionniste de "l'œil innocent" défendu par Laforgue, quand le monde phénoménal peut se réduire à une suite de "vibrations colorées". La fenêtre devient le motif idéal pour une application de la conception topologique des couleurs telle qu'elle apparait chez Chevreul. Delaunay maitrise alors l'éclatement prismatique au moyen d'une forme giratoire qui oriente le mouvement du regard sans risque de tensions inhibitrices. Le tableau, devenu avec les formes circulaires un pur transfert d'énergie lumineuse, permet une réflexion d'ordre physiologique sur l'autonomie de la peinture et sa capacité à retranscrire, par la seule rencontre dynamogène des couleurs, l'activité de l'œil tentant d'appréhender l'essence fugitive du monde. Cette réflexion est menée à terme avec le disque simultané (1913), conçu comme une surface étalonnée sur laquelle l'œil viendrait mesurer les limites et l'envergure de sa mobilité.