Discours et images de la paix dans des villes d'Allemagne du Sud aux XVIIe et XVIIIe siècles
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Deriving from a reflexion about the specific forms of collective memory linked to a political conflict, this thesis analyses the perceptions of the thirty years' war and the progressive definition of peace, which led to the treatises of Westphalia (1648), then their reception and their ritualisation until the very end of the 18th century. The thirty years' war was aimed to define a modus vivendi allowing the coexistence of several confessions in the holy roman empire. To neutralize the conflict-provoking potentiality the problems were settled on the civil level, bey keeping out the dogmatical questions. But war cannot be reduced to e mere matter of law. Its conclusion required also a work on fears led in order to make feel its dread, a memorization of the events meant to teach the horror of a civil war. The peace of westphalia decreed the general amnesty, the public silence, in order to build up again social links for the time being. But fully reconciliation required a memory of the persecution. The peace festival celebrated for the signature of the treatises (174 different ones between 1648 and 1650, 204 until 1660) expressed this double movement of political oblivion and religious memory. Work of the jurists, the peace settlement forced the clergies to redefine their political role. The celebration of the treatises was launched by the lutheran clergy, who attributed the peace to the sole action of god. In the cities were catholics and protestants coexisted, the peace festival were institutionalized, celebrated by the lutheran exclusively, each year sometimes till nowadays as in Augsburg. In these cities, the peace aroused the development of specific features, emphasizing the religious difference. Peace festivals became demonstrations of lutheranism. But the precise analysis of the discourses and images of peace produced for theses festivals shows that the confessional affirmation always managed to respect and make prevail the common civic values. In these cities, a habitus of peace was formed.
Abstract FR:
Issue d'une réflexion sur les formes spécifiques d'une mémoire collective liée à un conflit politique, cette thèse étudie les perceptions de la guerre de trente ans et la définition progressive de la paix qui menèrent aux traités de Westphalie (1648), puis leur réception et leur ritualisation jusqu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle. La guerre de trente ans eut pour fin la définition d'un modus vivendi permettant la coexistence de plusieurs confessions dans le saint-empire. Pour désamorcer le potentiel conflictuel, on régla les problèmes sur le plan civil, en écartant les questions dogmatiques. Mais la guerre ne peut être réduite à un rapport de droit. Sa conclusion nécessita aussi un travail sur les peurs pour en faire ressentir l'effroi, une mémorisation des évènements destinée à instruire l'horreur d'une guerre civile. Les traites de Westphalie décrétèrent l'amnistie générale, le silence public, afin de reconstituer un tissu social dans l'immédiat. Mais la réconciliation imposait une mémoire de la persécution. Ce double mouvement, d'oubli politique et de mémoire religieuse s'exprimèrent dans les fêtes de la paix célébrées lors de la signature des traites (174 différentes entre 1648 et 1650, 204 jusqu'en 1660). Œuvre des juristes, la paix requit la redéfinition du rôle politique des clergés. La célébration des traités fut l'œuvre du corps pastoral, essentiellement luthérien, qui rapporta la paix à la seule action de Dieu. Dans les villes où catholiques et protestants coexistaient, les fêtes de la paix furent institutionnalisées, célébrées par les luthériens exclusivement chaque année parfois jusqu'à nos jours comme à Augsbourg. Dans ces villes, la paix suscita le développement de traits culturels spécifiques soulignant la différence religieuse. Les fêtes de la paix furent des démonstrations luthériennes. Mais l'étude fine des discours et images de la paix produits au cours de ces fêtes montre que l'affirmation confessionnelle sut toujours respecter et faire primer les valeurs civiques communes. Dans ces villes mixtes, il se forma un habitus de la paix.