Sorcellerie et reconstruction d'identité parmi les africains et leurs descendants en Nouvelle Grenade au XVIIème siècle
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The subject of my thesis concerns the reconstruction of the identities of africans and their descendents living in New Granada (modern day Colombia) in the 17th century. The main hypothesis guiding this thesis contends that africans as well as Creoles and Mulattos were able to undergo the processes of re-personalization, re-socialization, re-politicization and repatriation in the heart of the slavery system thanks to the durability of the sacred view of reality held by their ancestors. "Corp-orality" is also considered to have played a key role in the symbolic and material reconstruction of memories born of the fight against captivity. One understands by "corp-orality" all possible means of expressing the historical-cultural african memory. This is conceptualized in the form of a group of expressions aimed at cultivating the performance of the sacred word and all others where the human body is the essential means of expression. Mastery of this "corp-orality" guaranteed the transmission of knowledge regarding the laws of the universe as well as the ethics guiding the lives of individuals and society in general. It made possible the continued learning of techniques used in the manufacture of ritual objects. Nonetheless, the threads woven together to form this "corp-orality" were partly destroyed by atlantic slave traffic and evangelization. More than "corp-orality" itself, it is the material supports that suffered destructive blows : objects that functioned as vehicles for the communication needed to reactivate memory and form new generations. These supports were reconstituted in New Granada by africans and their descendants through mechanisms of appropriation and the re-signification of catholic symbolism.
Abstract FR:
Le sujet de ma thèse concerne l'étude de la reconstruction des identités des africains et de leurs descendants qui ont vécu en Nouvelle Grenade (actuelle Colombie) au XVIIeme siècle. L'hypothèse principale qui l'a orienté considère que grâce à la permanence de la vision sacrée du réel articulée sur le culte des ancêtres, ces africains aussi bien que les Criollos et Mulâtres ont entamé des processus des repersonalisation, de resocialisation, de reterritorialisation et de repolitisation au sein du système esclavagiste. D'autre part on considère que la "corp-oralité" a joué un role essentiel dans la reconstruction symbolique et matériel des mémoires issues de la lutte contre la captivité. Par corp-oralité on entend l'ensemble des modes d'expression de la mémoire historico-culturelle africaine. Celle-ci est conceptualisé comme un faisceau d'expressions destinées à cultiver les performances de la parole sacrée et toutes celles qui sont en rapport avec les expressions dont le corps humain est le support essentiel. La maîtrise de la corp-oralité garantissait la transmission des savoirs sur les lois qui régissaient l'univers aussi bien que sur l'éthique qui orientait la vie des individus et de la société. Elle permettait l'apprentissage des techniques pour l'élaboration des objets utilisés dans les espaces rituels. Pourtant, les fils qui tissaient la trame de la corp-oralité sont partiellement rompus par la traite atlantique et l'évangélisation ; davantage que la corp-oralité elle-même, ce qui souffre des impacts destructurants, ce sont les supports matériels : objets accomplissant la fonction de véhicule des communications nécessaires pour réactiver la mémoire et former les nouvelles générations. Ces supports seront reconstitués en Nouvelle Grenade par les africains et leurs descendants à travers des mécanismes d'appropriation et de resignification des symboles du catholicisme.