Des communautés imaginées : l'idée de patrie en Grèce classique
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Ancient patriotism is traditionely presented, from plutarque to brasilach, as a reference. Nothing justifies a priori this idea except the implicit presupposition that fatherland is an anthropological concept. In attic tragedy, fatherland is intimately connected with family : geographical and genealogical origin are mixed ; fatherland is a way to imagine the inherited power and the attachment to "maternal" land. Some historical analyses put off the fiction of a natural and eternal fatherland. The word is used to design the city-state but the whole hellade too : the fatherland looks like a political rhetoric, the celebration of a community, whichever it is. T fatherland's imaginery is a political phantasm : the community imagined as a whole and unique family, necessarily harmonious. In the citystate, some divinities are like the parents of the community, the "public units" deal with the citizens' imagined fraternity. The city'space includes this metaphor, especially in the west area of the agora. One can substitute the concept of "oikos" instead of "family" : the Philia takes the place of the "common blood". That's a way for women, metics or bastards to join the city-fatherland.
Abstract FR:
Le patriotisme des anciens est présenté dans la tradition, de Plutarque à Brasillach en passant par Chateaubriand, comme une référence. Rien ne justifie a priori cette idée sinon le présupposé implicite que la patrie est un concept anthropologique. Dans la tragédie attique, la patrie paraît très proche de la famille : origine géographique et généalogique se mêlent, la patrie est une façon de se représenter l'héritage du pouvoir et de dire l'attachement à la terre considérée comme maternelle. L'analyse de certaines expériences historiques empêchent cependant de croire en une patrie définie de façon naturelle et éternelle ; c'est l'occasion qui dessine tel ou tel visage de patrie. De la cité à la Grèce entière, le terme ne s'applique pas non plus uniquement à la forme politique qu'est la cité : la patrie est une rhétorique politique, la célébration d'une communauté quelle qu'en soit sa taille. L'imaginaire de la patrie est un fantasme politique : celui d'une famille pensée unie. Dans le cadre de la cité, certaines divinités jouent le rôle de parents de la communauté, affirmant la primauté de la filiation, alors que les "unités sociales" mettent l'accent sur la fraternité imaginée des citoyens-frères. L'espace de la cité porte l'empreinte de cette métaphore qui prend racine à Athènes dans le quartier ouest de l'agora. Au discours sur la cite-famille peut se substituer celui sur la citeoikos : le "sang commun" est abandonné au profit de la philia : femmes, metequesbatards, trouvent alors place dans la patrie-cité. De la patrie-famille à la patrie-oikos, il y a la distance qui sépare l'exclusivisme citoyen de l'ouverture à tous les participants de la cité : le céramique reflète ce double imaginaire.