Le nu féminin dans la peinture moderne : désordres des corps et stratégies du regard
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Since the early XXth century, the appearance of feminine nude has changed. Pictorial processings of feminity are not any more criterions of successful results for the painting, neither exclusive reference to the mythical duplicity of woman. Disturbance affects parts of the body, fragmentation, squashing, spoil the body's figure. Three different pictorial ways are gone through, chosen because they are unclassable, each of them one of its kind. Marcel Duchamp, Willem de Kooning and Jean Fautrier give unique examples, but their works have in common to refuse academic representation, through exclusive process. When imitation and likelihood become lapsed, then the point of wiew changes also and moves from figuration to the aptitude of the feminine body to be represented, to what works in it and what is worked by it. When the feminine body is a matter of representation, something lies in it which draws the spectator out of the familiar land of eroticism. He doubts wether he is looking to a woman's body. These unexpected shapes make eye-practising dangerous. When femininity disappears, it is not sex, neither sexual desire which emerges, but womanhood, something much more complicated, buried beneath inconscious memory, where no logic exists, and which requires from the spectator an agreement he is not always prepared to give. To see and to look at, stand against one another, for what is shown by Duchamp's nu descendant un escalier, de Kooning' women, or Fautrier's femme douce affects the spectator's dozing territory of mnesic traces, which only rise in flimsy shreds. Freud's thinking power is responsible for these drifts, and is only capable to explore them. Feminine body in disorder is not only a pretext, it must be seen on the picture, before he paradoxically collapses, as to achieve its effect.
Abstract FR:
Depuis le début du XXeme siècle, l'aspect du nu féminin a changé. Le traitement pictural des caractères spécifiques de la féminité ne sont plus des critères de réussite d'un tableau, ni la référence exclusive à la duplicité mythique de la femme, pure ou infame. La désorganisation des parties, la fragmentation, l'écrasement altèrent la figure du corps. Trois modes picturaux extrêmement différents sont étudiés, choisis pour leur caractère inclassable, chacun unique dans sa pratique. Marcel Duchamp, Willem de Kooning et Jean Fautrier, fournissent des exemples distincts, mais leurs oeuvres ont en commun de refuser la reproduction académique selon des processus exclusifs. L'imitation et la vraisemblance rendues caduques, le point de vue change et déplace le problème de la figuration à la figurabilité du corps féminin, à ce qu'elle travaille, à ce qu'elle fait travailler. Lorsqu'il s'agit de représentation, le corps féminin recèle quelque chose qui entraîne le spectateur hors du domaine familier de l'érotisme. Il doute de ce qu'il voit. Ces configurations inattendues rendent l'exercice du regard périlleux. La féminité disparue, ce n'est ni le sexe, ni le désir sexuel qui émergent, mais le féminin, vision autrement plus complexe, enfouie dans la mémoire inconsciente, oùle sens logique ne régit plus rien, et qui exige de la part du regardeur un consentement qu'il n'est pas toujours prêt à accorder. Voir et regarder s'opposent, s'annulent même, car ce que présentent le nu descendant un escalier de Duchamp, les women de Kooning, ou la femme douce de Fautrier, concerne le territoire en sommeil des traces mnésiques du regardeur, qui n'affleure qu'en lambeaux fragiles. La "toute-puissance des pensées" est responsable de ces dérives, que seules des voies ouvertes par la pensée freudienne sont susceptibles d'explorer. Le corps en désordre, loin d'être seulement un pretexte, doit être vu sur le tableau, avant paradoxalement de s'effondrer, pour que son effet se réalise.