Histoire d'un équilibre perdu : évolution démographique, économique et sociale du monde paysan dans le Cantal au XIXe siècle
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The present study is based as much on statistical data as upon testimonies. It starts from the observation that in in 1836 this profoundly rural district reached a sort of demographic climax and then experienced an early decline in its population. We have looked into the causes of this abrupt change and reached the following conclusions: until the 1840ies the peasantry lived in a state of relative equilibrium typical of the old system which was characterized by an agricultural archaism whose rural specialization did not exclude a painful quest for self-sufficiency in cereal production and by the mediocrity of the peasants ‘living conditions which should not be overshadowed by the existence of the large rural farmhouse. In such a context, the equilibrium could not have been reached without some indispensable complementary resources: communal rights of use, small-scale home production, widespread mendacity, important temporary migrations. During the second half of the century the flow of an irreversible exodus gradually replaces the temporary migrations whose traditional openings are dwindling. The other complementary resources are disappearing: the old communal rights of use are flouted; small-scale home productions lose ground with the arrival of cheap industrial products. The opening from which salvation was expected turns out to be destabilizing for a rural economy that.
Abstract FR:
Cette étude est fondée tant sur des données statistiques que sur des témoignages. Elle part du constat que ce département profondément rural a atteint vers 1836 une sorte de plénitude démographique puis a connu un délestage précoce de sa population. Elle s'interroge sur les modalités de cette déchirure et débouche sur les conclusions suivantes : jusqu'aux années 1840, le monde paysan a vécu dans un équilibre relatif de type ancien, caractérisée par l'archaïsme d'une agriculture dont la spécialisation pastorale n'excluait pas la quête difficile de l'autosuffisance céréalière, et par la médiocrité des conditions paysannes, que ne doit pas occulter le système de la grande ferme pastorale. Dans un tel contexte, l'équilibre n'aurait pu exister sans d'indispensables ressources complémentaires : droits d'usage communautaires, activités artisanales à domicile, mendicité diffuse, migrations temporaires très importantes. Après le milieu du siècle, le flot de l'exode définitif supplante progressivement les migrations temporaires dont les débouchés traditionnels se ferment. Les autres ressources complémentaires tendent à disparaitre : les vieux droits d'usage communautaires sont battus en brèche, les activités artisanales à domicile sont condamnées par l'arrivée des produits industriels à bon marche. L'ouverture dont on espérait le salut s'avère déstabilisante pour une économie rurale qui y est mal préparée, à peine parcourue de quelques frémissements novateurs dans la continuité de la tradition pastorale. La société paysanne reste largement marquée.