Abstract FR:

Cette thèse examine la proposition de l'oeuvre in situ comme ensemble des éléments constitutifs d'un processus et non comme une suite d'opérations aboutissant à un résultat. Ce processus est discontinu car il est une succession de retournements, de catastrophes. A partir de ce concept transversal, nous avons soulevé trois phases dynamiques. La première, catastrophe prévisible, réside dans la mise en situation hors atelier d'une oeuvre éphémère dont la priorité est accordée au devenir de la matière davantage qu'à la forme. Ce devenir est rendu visible par anticipation. Un renversement de l'ordre naturel des choses faisant précéder le résultat d'un écroulement à un lent processus de dégradation. La deuxième catastrophe est imprévue: il ne s'agit plus de la réalisation d'un projet. Mais d'une action où les repères spatiaux se confondent. Cette perte des repères s'accélère dans le changement d'échelle où l'analogie ne découle pas d'une échelle de dimensions mais de temps, d'un point de vue précipité de l'éloignement temporel. Et le retournement imprévu s'impose par une attention spontanée aux transformations opérées par le site car les ruptures sont imperceptibles. Elles sont des transformations invisibles et silencieuses qui marquent le changement de regard sur le site investi: l'espace n'est plus celui qui supporte l'oeuvre mais la crée. La troisième est la catastrophe retournée. Elle détermine les conditions de l'achèvement de l'installation. Son aboutissement étant au service d'une idée, le chantier entre démolition et construction qui se manifeste dans les changements brutaux de formes et de matière et non dans une lente décomposition. L'achèvement prend un autre aspect : la réalisation est complétée, interprétée par les acteurs du lieu, l'oeuvre continue d'évoluer. La catastrophe tranquille est alors la métaphore de l'oeuvre in situ. Elle arrive inéluctablement et brutalement à la suite d'opérations déterminées et indéterminées, suivant un lent processus souterrain.