Abstract FR:

Par l'étendue et la diversité de ses activités, Jean-Baptiste-Pierre Le Brun s'imposa dans le milieu du commerce d'art international de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, comme l'un des principaux spécialistes français. Professionnel redouté, inspirant parfois une certaine défiance, il se voulut avant tout un défenseur de la libre entreprise. Au nom d'une conception particulièrement ambitieuse de l'exercice de son métier, il chercha à être un intermédiaire privilégié entre les amateurs, les pouvoirs publics d'une part, les artistes et ses confrères marchands d'autre part. Se faisant le promoteur de l'art ancien et dans une moindre mesure de l'art moderne et contemporain, il créa l'actualité en montant des ventes aux enchères, en organisant des expositions-ventes consacrées à des artistes vivants, en devenant le marchand de certains d'entre eux, en publiant des ouvrages sur la peinture. Il fit bâtir une galerie et une salle de vente. Le Brun fut aussi le conseiller et le fournisseur attitré de grands collectionneurs, le garde des tableaux du comte d’Artois et du duc d'Orléans. Essayant de remédier à un endettement chronique, il prospecta de nouveaux modes de financement. Ses réseaux relationnels auprès de marchands, de collectionneurs et d'hommes d'affaires s'étendaient jusqu'en Russie et aux États-Unis. Sa réputation dépassa largement les frontières. Il appartient à plusieurs académies européennes. Soucieux de son image, il insista sur la promotion de son commerce, visant à une reconnaissance tant professionnelle que sociale et mena une vie mondaine particulièrement active. Propriétaire d'un hôtel particulier, rue du Gros-Chenet, il s'adonna non sans arrière-pensées commerciales, à la collection d'objets de science et d'histoire. Par sa personnalité, par ses réalisations et ses prises de position, Le Brun contribua à faire évoluer la figure du grand marchand d'art, devenu désormais un acteur incontournable de la vie artistique de son temps.