Abstract FR:

Dans le département de l’Aisne, l'épopée de la réparation des dommages du premier conflit mondial fut le catalyseur de la structuration du syndicalisme agricole patronal unifié. Le choc de la guerre n'étant pas parvenu à anéantir les mentalités du dix-neuvième siècle finissant, le syndicalisme naquit d'un projet associatif classique, ou le rassemblement des agriculteurs dut se configurer aux particularismes nombreux des entités agricoles du département. Malgré ses efforts, l'idée syndicale ne réussit à rallier que la moitié des exploitants agricoles axonais. Ce fut dans ces perspectives que s'élabora l'engagement social de l'union des syndicats agricoles de l’Aisne, qui répondait a des aspirations fondamentales de l'esprit qui l'animait et qui engendra des réalisations mutualistes sociales d'avant-garde des 1924. Le procès d'identification du syndicalisme et de la mutualité agricole fut générateur d'une connexion étroite des structures verticale et horizontale du pouvoir de représentation et d'action de la profession, qui s'exerça au profit d'une élite socio-économique d'exploitants agricoles influents assurant la cohésion de l'encadrement social. La fermentation pluridimensionnelle qui s'empara du milieu rural au cours des années trente fit connaitre à la stratégie professionnelle unitaire et défensive de l'union syndicale départementale une telle remise en question que celle-ci faillit en sombrer compte tenu de sa capacité d'ouverture et d'adaptation, jusque-là limitée. Ce contexte de crise constituant un terrain favorable à l'épanouissement des idées corporatistes, contraignit l'organisation syndicale à adopter une attitude globale plus offensive à la veille de l'avènement de la corporation paysanne qui fut ainsi dans l’Aisne la validation et la consolidation d'une nouvelle politique syndicale encore au stade de l'ébauche.