Genre, savoir et citoyenneté : les enjeux politiques de l’éducation des filles (de 1789 aux années 1820)
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Using the concept of gender, this thesis examines the political challenges of girls’ education in the revolutionary and post-revolutionary contexts. Situated in the political history of education, this thesis combines an analysis of teaching practices and discourses about education. A sexual division of labor produced through education highlights the unequal access to citizenship between men and women. The integration of girls in public primary schools from the year II can be understood by the will of legislators to involve women in the regeneration process. They hoped to create as a “citizens’ matrix”, a republican mother capable of producing free men. While official teaching methods were being established, primary school teachers attempted to reinterpret them from 1793 to 1794. Minorities called for equal access to teaching for both sexes, which had been proclaimed as an instrument for political emancipation. During the Directoire, schools organized a gender-based division of knowledge, which was denounced by literary women. The state’s disengagement regarding girls’ schools from 1802 reveals the progressive abandonment of the educational project for female regeneration. The school became a tool that consolidated sexual hierarchies and sought to teach morals that would end the Revolution. But the innovative education experiments bear witness to the enduring hope to transform gender relations through education.
Abstract FR:
Cette thèse se propose d’interroger avec le concept du genre les enjeux politiques de l’éducation des filles dans les contextes révolutionnaire et postrévolutionnaire. S’inscrivant dans une histoire politique de l’éducation, elle croise l’analyse des pratiques pédagogiques et des discours sur l’éducation. L’organisation d’une division sexuée des travaux par l’éducation, suscitant des résistances, éclaire l’inégal accès à la citoyenneté entre les hommes et les femmes. L’intégration des filles dans l’école primaire publique à partir de l’an II s’explique par la volonté des législateurs d’impliquer les femmes dans le processus de régénération. Ils aspirent à faire advenir une « matrice des citoyens », une mère républicaine capable d’engendrer des hommes libres. Alors que s’élabore une pédagogie officielle, celle-ci suscite en 1793-1794 des tentatives de réappropriation par des institutrices. Des voix minoritaires revendiquent un accès égal entre les sexes à l’instruction définie un instrument d’émancipation politique. Sous le Directoire, l’école opère une division sexuée des savoirs qui est dénoncée par des femmes de lettres. Le désengagement de l’État vis-à-vis des écoles de filles à partir de 1802 révèle le progressif abandon du projet pédagogique de régénération des femmes. L’école tend à devenir un instrument pour fixer les hiérarchies sexuées et moraliser la société dans le but de clore la Révolution. Mais des expérimentations pédagogiques innovantes témoignent de la persistance de l’espoir de transformer grâce à l’éducation les rapports entre les sexes.