L'exercice de l'autorité dans le chisme duodécimain contemporain : doctrines et institutions
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
If pluralism was always inherent in shi'ite religious authority, it has taken a new form since the establishment of a clerical government in Iran in 1979. The institution of the "Guardianship of the Jurist (velâyat-e faqih) after the Islamic Revolution has brought about an unprecedented blossoming of political thought as weil as the diversification of religious functions within Shi'ism. Despite the power of the Iranian valî-e faqîh, the persistent plurality and multipolarity of the marâji' have revealed an irreducible dualism of authority functions, and indeed the bipolarization of religious authority. In fact, both religious institutions (the velâyat-e faqîh and the marja 'iy'ya) assume distinctive ways of adaptation to modernity. The religious aspect of the state institution of velâyat-e faqih mainly consists in the religious purpose of the governance and in the status of the leader, a religious jurist. Thus it can adapt to political modernity. On the other hand due to its inherent pluralism and to its informal mode of guidance, the marja'iy'ya seems able to meet the needs religious modernity. Thus the shi'ite religious institutions testify the high dynamism and pluralism in the tradition. Besides, a current trend among the clerics in Iran tends to renew the whole field of authority through new conceptions of religion itself.
Abstract FR:
En identifiant la fonction du juriste religieux à l'autorité du Prophète, l'ayatollah Khomaynî voulut rétablir le modèle d'autorité idéal de l'islam. Erigé en représentant du dernier Imâm dans la Constitution iranienne, le valî-e faqîh tendit à abolir les obstacles historiques et théologiques de la tradition des Imâms. Conçue d'abord comme un remède à la sécularisation de la société, la velâyat-e faqîh assume une fonction de gouvernance dont le caractère religieux consiste essentiellement dans la finalité et le statut du détenteur de l'autorité. Cependant la plupart des marja chiites récusent l'unification des instances, invoquant la rupture irréversible créée par l'Occultation du dernier Imâm. En perpétuant un mode pluraliste et informel d'exercice de l'autorité, de même qu'en renouvelant les modalités de leurs relations avec les fidèles, ils témoignent de leur attachement à un fondement de l'institution du clergé chiite autant que de leur capacité d'adaptation à la modernité religieuse. En autre les marja ont su conserver une influence parfois décisive dans le champ sociopolitique. Tout en invoquant une commune histoire, les autorités religieuses chiites manifestent la plurivocité et le dynamisme de la tradition. Les deux institutions actualisent au sein même du champ clérical la bipolarité de l'autorité religieuse structurelle dans le chiisme. Tandis que la reconstruction des institutions étatiques iraquiennes représente un nouveau laboratoire pour la modernité politique dans le chiisme, plusieurs courants intellectuels en Iran tendent à un profond renouvellement du champ de l'autorité par une ouverture de la pensée religieuse.