Edme-François Gersaint (1694-1750)
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Rarement un tableau aura tant induit en erreur. Edme-François Gersaint n'est pas le marchand de l'enseigne de Gersaint ; ou plus exactement, l'image que le tableau de Watteau nous a laissée de lui est fausse. Le chef-d’œuvre de Berlin peint en 1720 a certes beaucoup fait pour la renommée de Gersaint - à commencer par transmettre son nom jusqu'à nous -, mais il a aussi nui considérablement à la connaissance profonde et exacte du marchand, de l'homme comme de ses activités. La carrière de Gersaint a connu une évolution marquée par deux tournants. De 1718 à 1720, Gersaint est avant tout un marchand de tableaux dont l'activité se limite à son quartier, celui du pont Notre-Dame. Ces années sont celles de la formation, de l'installation et des débuts dans la vie professionnelle, étroitement liés à la vie familiale. L'année 1720 constitue un premier tournant dans sa carrière puisqu'il est reçu marchand mercier. Il élargit alors l'éventail des marchandises proposées à la vente et s'adresse à une clientèle diversifiée de la capitale et des environs. Son activité est essentiellement parisienne et centrée sur la boutique. Il n'est plus seulement marchand, mais devient en parallèle éditeur d'estampes et trafiquant de livres. L'année 1733 marque le début d'une nouvelle période, la plus riche. Le commerce de Gersaint prend une tout autre ampleur : il s'élargit et s'internationalise. Le marchand se rend en effet en Hollande pour s'approvisionner ; ce premier voyage, qui traduit son ambition, sera suivi d'une longue série jusqu'en 1749. C'est aussi en 1733 qu'il organise sa première vente publique avec catalogue ; elle annonce les grandes ventes des années 1740 ou l'on voit Gersaint disperser les plus prestigieuses collections de son temps. Enfin, c'est à partir de cette date que le marchand étend son commerce aux curiosités naturelles et aux chinoiseries, jusqu'à placer sa boutique sous le signe de la « pagode ». La clientèle conserve sa variété, mais les plus grands noms de la cour s'y distinguent désormais. Gersaint fournit par ailleurs la couronne de Suède, contribuant à la diffusion du goût français au-delà des frontières nationales. Il devient, à côté de ses activités de marchand proprement dites, expert, conseiller auprès de collectionneurs, collectionneur lui-même, auteur de catalogues raisonnes et même d'une pièce de théâtre.