Économie de traite et fiscalité : la question des coutumes en Sénégambie, de l'ère négrière à la conquête coloniale (XVIIe-XIXe siècle)
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
From the long period from the 17th to the 19th century, from the slave era to the colonial conquest, Senegambia's trading economy is dominated by two phases: the slave trade (17th-early 19th century) and legitimate trade (early 19th century). As early as the 17th century, European trading companies established themselves along the Senegalese coast in agreement with the sovereigns who granted them the right to build forts, to engage in trade and move freely on the rivers of their States. These agreements gave rise to the regular payment of taxes by European merchants more often in kind than in cash, governed by more or less stable rules, at highly variable rates depending on the economic, political and social context. These royalties, known as customs, were of two types: annual customs and casual or trade customs. Customs have had significant impacts on the politics, economy and societies of the States of Senegambia. They allowed Europeans to trade freely in Senegambia. Thus, from Saint-Louis, the first permanent French settlement in Africa built in 1659, the French maintained trade relations with the sovereigns of Senegal based on the trade in slaves, gold, gum, ivory, food, peanuts, hides and other consumer products. Until the 19th century, it was almost impossible for Europeans to trade without paying the customs. These represented the symbol of the sovereignty of the States of Senegambia. However, in the second half of the 19th century, the repeated conflicts and abuses linked to customs and the failure of local chiefs to respect commitments to provide security for European traders contributed to the policy of suppressing customs initiated by Governor Faidherbe in 1854.
Abstract FR:
De la longue période allant du XVIIe au XIXe siècle, c’est-à-dire de l’ère négrière à la conquête coloniale, l’économie de traite en Sénégambie est dominée par deux phases : la traite négrière (XVIIe-début XIXe siècle) et le commerce dit légitime (début XIXe siècle). Dès le XVIIe siècle, les Compagnies européennes de commerce s’installent le long des côtes sénégambiennes en accord avec les souverains qui leur accordent le droit de construire des forts, de pratiquer le commerce et de circuler librement sur les cours d’eau de leurs États. Ces accords donnaient lieu au versement régulier par les commerçants européens de redevances plus souvent en nature qu’en espèces, régies par des règles plus ou moins stabilisées, à des taux forts variables en fonction des contextes économiques, politiques et sociaux. Ces redevances dénommées coutumes étaient de deux types : les coutumes annuelles et les coutumes casuelles ou de traite. Les coutumes ont eu des impacts importants sur la politique, l’économie et les sociétés des États de la Sénégambie. Elles ont permis aux Européens de commercer librement en Sénégambie. Ainsi, à partir de Saint-Louis, premier établissement français fixe en Afrique construit en 1659, les Français entretiennent avec les souverains de la Sénégambie des relations commerciales basées sur le commerce des esclaves, de l’or, de la gomme, de l’ivoire, des vivres, de l’arachide, des peaux et d’autres produits de consommation. Jusqu’au XIXe siècle, il était quasi impossible pour les Européens de commercer sans payer les coutumes. Celles-ci représentaient le symbole de la souveraineté des États de la Sénégambie. Cependant, dans la seconde moitié du XIXe, les conflits et les abus répétitifs liés aux coutumes ainsi que le non-respect des engagements des chefs locaux qui devaient assurer aux commerçants européens la sécurité contribuèrent à la politique de suppression des coutumes initiée par le gouverneur Faidherbe en 1854.