thesis

Culture du martyre au Liban Sud : entre fabrication de catégories et enjeux mémoriels

Defense date:

March 5, 2014

Edit

Institution:

Paris 1

Disciplines:

Authors:

Directors:

Abstract EN:

How can the category of « martyr » give death a meaning in a context of wars? Since the end of the 1970's in South Lebanon, the use of the word has been subject to a change. The use of a category related to « essential feelings » and which leans on a common history, turns out to be efficient to manage these-deceased of wars that martyrs are. This category allows to give death a meaning and grants a place to the deceased. A partisan marking of space and memory can be noticed. Henceforth, the martyr embodies the party. His consented sacrifice is a confirmation of exemplarity in everyday life. And these two combined elements are an illustration of the legitimacy of the movement he belongs to. A memory in construction can be witnessed in the different objects analyzed. The polysemy of the term as well as a hierarchical organization within the group of the martyrs are revealed through the partisan uses of the figure of the martyr. Strategies and local stakes are visible. Flaws appear in the construction of a unified and at times, imposed memory. Within partisan memories themselves, highly localized realities continue to operate. Logics-from before the birth of parties currently predominant on the political scene can be observed. The category of martyr is more and more used to designate youngsters, who died outside this context of wars, but who nevertheless fit to the emblematic figure of the martyr. This illustrates both the success of the process of construction observed as well as a form of dilution of this figure.

Abstract FR:

À travers la mobilisation de la catégorie de « martyr » dans un contexte de guerres, comment donner du sens à la mort de guerre ? L’emploi du terme même est sujet à des évolutions dans le temps et dans les modalités de ses utilisations, observables entre les années 1980 et 2006. L’emploi d’une catégorie qui relève de « sentiments primordiaux » et s’appuie sur une histoire commune s’avère efficace pour gérer ces morts de guerre que sont les martyrs. Cette catégorie permet de donner du sens à la mort et d’octroyer une place à ces défunts. On constate un marquage partisan de l’espace comme de la mémoire. Le martyr incarne désormais le parti. Son sacrifice consenti vient confirmer une exemplarité au quotidien et ces deux éléments conjugués sont l’illustration de la légitimité du mouvement auquel il appartient. Une mémoire en construction est donnée à voir à travers les différents objets analysés. Dans les usages partisans de la figure de martyr, la polysémie du terme transparaît de même qu’une hiérarchisation au sein même du groupe des martyrs. Des stratégies et enjeux locaux se font jour. Des failles transparaissent dans la construction d’une mémoire unifiée et parfois imposée. Au sein même des mémoires partisanes, on constate que des réalités éminemment locales perdurent. Les logiques antérieures à l’existence des partis actuellement dominants sur la scène politique sont observables. De plus en plus, la catégorie de martyr est employée pour traiter de jeunes, morts en dehors de ce contexte de guerres, mis en adéquation avec la figure emblématique du martyr. Cela illustre tant la réussite du processus de construction observé qu’un forme de dilution de cette figure.