Les cycles de la vie de Saint Antoine ermite dans l'iconographie française et italienne du XIVème au XVIème siècle : intervention des légendes et influence culturelle dans la constitution de l'image d'un Saint
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Paris 1Disciplines:
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Au milieu du XIVème siecle apparaissent les premiers cycles iconographiques de la vie de Saint Antoine ermite, le père Égyptien des moines. Ce phénomène, qui correspond à l'apogée du culte du Saint en occident grâce notamment au prosélytisme des chanoines de l'ordre de Saint Antoine, connait un développement important jusqu'au XVIème siècle, particulièrement dans le sud-est de la France et dans l'Italie septentrionale et centrale. En témoigne un corpus d'une quarantaine de cycles d'origines variées : manuscrits destinés à l'élite religieuse, retables de patriciens ou de riches confréries, fresques de chapelles rurales ou de communautés réformées. Les raisons de cette émergence et de ce déclin, aussi impromptus l'une que l'autre, révèlent la coïncidence de l'intérêt populaire pour un Saint thaumaturge et justicier et de celui des ordres, essentiellements des mendiants, pour ce modèle de sainteté érémitique des débuts du christianisme. L'occidentalisation progressive de l'ermite passe ainsi par deux procédés presque antagonistes : d'une part la substitution a son austerité d'ascète solitaire d'un paternalisme bienveillant quoi qu'intransigeant, d'autre part l'accentuation de son identité de précurseur ayant ouvert la voie du désert. Pour ce faire, l'iconographie, étayée par l'invention de légendaires apocryphes, propose un vecteur de diffusion privilégié à l'attention des commanditaires. Outre les antonins, qui développent de tels programmes iconographiques surtout dans le premier quart du XVème siècle, les augustins et les franciscains reformes vont se faire les principaux initiateurs du phenomene, trouvant avec la personnalite d'Antoine, dans leur quête d'un exemple antérieur à leurs fondateurs eux-mêmes, une caution pour justifier l'orientation de leurs choix spirituels et de leurs modes de vie. En ce sens, le redécouverte du Saint servit plus de support a une reforme interne des courants ascétiques de la fin du Moyen-Age qu'au renouveau même de leurs doctrines. C'est aussi en quoi ce phénomène iconographique particulier semble emblématique d'un processus d'appropriation plus général, conduisant à faire des Saints les plus éloignés dans le temps et l'espace, des figures initiatiques et exemplaires, rajeunies par une relecture totale de leur existence.