Recherches sur la légitimité et les fondements de la critique d'art dans la presse française
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The purpose of this research in sociology of art is to try and assess the legitimacy of art criticism in the press : what gives critics the right to express a negative judgement on any work of art? The population considered is that of critics operating in today's french press. The first part explores history and law. Art criticism first appeared in the press in the middle of the 18th century and was then highly controversial. But the general background at the time made it just as unavoidable : a market was emerging, the academie had a strategy and the public demanded that art exhibitions be reviewed. The press law, almost equally ancient (beginning of the 19th century), set the rules that make art criticism in the press lawful and legitimate, through the notions of defamation, right of reply and personal responsibility. The second part deals with negative criticism in modern french press. It first provides a census of contemporary art critics and of the publications in which their reviews appear, classified according to the percentage of negative criticisms they accept to print. A number of factors attached to each medium can also have an influence over the critics : the readers' sociological background, the amount of financing relying on advertising, and the critics' status (freelance or established journalists). The third part analyses the reviews according to their destinations. Depending on the public they are targeting, the art critics base their arguments on different values, belonging or not to the aesthetic register. Finally, the study investigates the basis of art criticism : professional organisations, critics' complementary occupations, training, practical and deontological rules.
Abstract FR:
Ce travail de sociologie de l'art tente de répondre a la question de la légitimité de la critique d'art dans la presse, en essayant de comprendre ce qui autorise certains critiques à user d'un ton plus ou moins libre, mesuré par l'expression de jugements négatifs. La population mère concerne les critiques qui officient dans la presse écrite. La première partie emprunte tour à tour deux voies : l'histoire et le droit, le retour aux origines de la critique d'art dans la presse (le milieu du XVIIIème siècle) permet de comprendre ce qui a fondé cette pratique alors très contestée et de la replacer dans le contexte général qui l'a rendue inévitable : l'émergence d’une marche, la stratégie de l'académie et l'aspiration au débat public face aux expositions. Le droit de critique, également ancien (début du XIXème siècle), a permis de fixer les règles qui rendent légales et légitimes une critique d'art de presse, confrontée aux questions de diffamation, de droit de réponse et de responsabilité civile. La seconde partie aborde la critique négative dans la presse contemporaine française, en dressant un tableau des critiques et des supports en fonction de la fréquence des jugements négatifs émis sur l'art. On envisage ensuite l'ensemble des contraintes qui peuvent peser sur cette critique : la composition sociologique du lectorat, la part du financement due aux annonceurs et le statut du critique dans les entreprises de presse (pigiste, titulaire). La troisième partie se réserve deux modes d'investigations. Elle étudie d'abord les destinations des critiques (à qui s'adressent-elles?) et leurs registres de justifications : le public, la science l'amour de l'art (registres non esthétiques), l'originalité, la technique et la nécessité intérieure (registres esthétiques). Ensuite, on étudie les fondements sociaux de la critique d'art : organisation professionnelle, activités parallèles des critiques, formation, règles déontologiques et règles pratiques.