Mesurer le développement économique en Gaule du Ier siècle av. J.-C. au VIIe siècle ap. J.-C. : analyse méthodologique et épistémologique
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
‘Under the Roman rule, through established peace and security, the Gauls … enjoyed wealth and luxury.’ Fustel de Coulanges’ famous argument represents the traditional consensus which is still widely shared within academia: the coming of the Romans made their provinces safe and prosperous, and their downfall left their subjects in the ‘Dark Ages’. However, since the 1970s, the re-evaluations of Late Antiquity and the Early Middle Ages have brought into question the dramatic difference in economic development before and after the Roman occupation. To test the relevance of this conclusion to the Roman Gaul, I use the Gallic region as a case study and re-appraise living conditions from the end of the Iron Age (1st c. BC) to the beginning of the Middle Ages (7th c. AD). When did the Gauls have the best life? When did they fare worst? My dissertation offers an innovative methodological and epistemological framework to synthesize diverse archaeological evidence and measure the economic development in the ancient world. This project applies modern criteria of measuring economic development through two dimensions: growth and well-being. Both dimensions require quantitative analyses to reconstruct the fluctuations. For growth, my core discussion focuses on a critical review of all the proxies and models used to restore the economic conditions through archaeological data. For well-being, I propose multiple models to reflect different aspects (security, inequalities, health, etc.) through material evidence. In the end, my dissertation reveals the possibility of conducting meaningful and sophisticated measurement and discussions of ancient economic development. My re-examinations of previous approaches and data also yields a clear definition of the limits which our evidence can reflect of the ancient world.
Abstract FR:
L’héritage du XIXe siècle selon lequel « sous la domination romaine, par la paix et la sécurité établie, les Gaulois [...] connurent la richesse et le luxe » (Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, 1875) est toujours plébiscité dans ses grandes lignes par une partie de la communauté scientifique, selon laquelle l’Empire romain aurait apporté de multiples bienfaits à ses provinces et sa chute aurait rejeté l’Occident dans l’obscurité. Cependant, depuis les années 1970, une forte tendance à la revalorisation de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Age a remis en question l’importance des variations du développement économique intervenues au moment de l’essor puis de la chute de Rome. Mon travail de doctorat ne prétend pas trancher une dispute qui ne sera sans doute jamais close mais vise à apporter un cadre de réflexion innovant sur l’évolution des conditions de vie des Hommes entre la fin de l’Age du Fer et le début du Moyen Age. Dans ce but, je propose une étude de cas centrée sur la Gaule entre le Ier siècle av. J.-C. et le VIIe siècle ap. J.-C. : À quel moment les Gaulois vivaient-ils le mieux ? Quelles ont été les périodes les plus difficiles ? Ce travail se propose d’aborder ces questions sous l’angle du concept de développement économique, défini comme une combinaison de la croissance économique et du bien-être des populations. Ces deux dimensions du développement requièrent une approche quantitative, seule à même de restituer leurs fluctuations. Le cœur du travail de thèse consiste en une analyse critique des méthodes de mesure des différentes dimensions de la croissance et du bien-être afin de mettre en évidence ce qu’il nous est possible de mesurer. Pour la croissance, je me concentre sur l’analyse critique des proxies et des modèles utilisés pour restituer les conditions économiques à l’aide des données archéologiques. Pour le bien-être, je propose plusieurs modèles afin de rendre compte de ses différents aspects (sécurité, inégalités, santé, etc.) grâce aux vestiges matériels. Cette thèse met en évidence les méthodes de mesure qu’il nous est possible de mettre en place pour évaluer les variations du développement. Grâce à une analyse critique des différentes approches et des données utilisées par les archéologues, elle identifie les limites de nos données et ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas nous dire du développement dans l’Antiquité.