thesis

Consommation de masse et consommation de classe : une histoire sociale et culturelle du cycle de vie des objets dans les classes populaires parisiennes (des années 1880 aux années 1920)

Defense date:

Nov. 28, 2014

Edit

Institution:

Paris 1

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

From the 1880s to the 1920s, Paris was the scene of a significant expansion of consumption, made possible because of the increase of the working classes’ income and of the development of new mediations (credit and advertising). We can talk of a first stage of mass consumption. Nevertheless, these items – and the ways of getting, using and transforming them - were part of popular neighbourhoods and their daily lifestyles. It was a class consumption, visible in the use of things and in the representation of the goods’ value. The objects in the working classes were often “temporary consumption”, caught between consumption credit and pawnbroking. Possession was fragile and transactions were the meeting point of numerous relations of power. Eventually, this class consumption showed the spatial, social and temporal coexistence of two patterns. On the one hand, a modem system of consumption was gradually set up, based on credit department stores and the purchase of new items sold at fixed prices. But, on the other hand, throughout the period, this commercial novelty came along with alternative habits of circulations, uses and acquisitions, those of second-hand, worn out, repaired, salvaged and bargained objects. The practical knowledge proceeding from poverty was still available for the whole social group, as was proved by the resurgence of a traditional relation to objects during the hard times of the First World War in the capital city.

Abstract FR:

Des années 1880 aux années 1920, Paris est le théâtre d’un élargissement significatif de la consommation, rendu possible par l’augmentation globale des revenus des classes populaires et par la mise en place de médiations nouvelles (le crédit et la publicité). On peut parler d’une première phase de la consommation de masse. Cependant ces objets, les manières de se les procurer, de les user et de les aménager restent intégrés au sein des modes de vie et des quartiers populaires. Il s’agit donc d’une consommation de classe qui se manifeste à la fois dans l’usage de choses et dans la conception de la valeur des biens. Les objets dans les classes populaires sont souvent des « consommations transitoires », pris entre le crédit à l’achat et le prêt sur gage. Leur possession est fragile et les transactions qui les concernent sont au point de jonction de multiples rapports de domination. Enfin, cette consommation de classe s’exprime dans la coexistence temporelle, spatiale et sociale de deux modèles : d’une part, se met en place progressivement un système de consommation nouveau fondé sur le développement des grands magasins de crédit et l’achat d’objets neufs, à prix à fixe. Mais d’autre part, cette modernité commerciale coexiste pendant toute la période avec des pratiques de circulations, d’usages, d’acquisitions alternatives, celles des objets d’occasion, usés, réparés, récupérés ou marchandés. Les savoirs pratiques associés à la nécessité sont toujours mobilisables pour l’ensemble du groupe social, comme le prouve la résurgence d’un rapport traditionnel aux choses dans la période de grande difficulté qu’est la Première Guerre mondiale dans la capitale.