La Résistance féminine : répression et reconnaissance (1940-début des années 1950) : l'exemple du Nord
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The North of France, which was twice occupied by the German army, is an ideal area from which to examine the gender of the Resistance as well as the development of women’s constructions. This thesis aims at approaching the women’s Resistance and its representations, by means of repression and gratitude. The repression, as conducted by the OFK 670, revealed an earlier and diverse Resistance, the original feature of which lied in assistance. The repression also displayed the autonomy of women’s commitment to the Resistance. The majority of the female victims of the German repression have acted in an individual way. Nevertheless, the repression which touched them depended on sexual difference, through its chronology, its methods, its intensity. Post-war years were the time of a contrasted and ephemeral recognition. The political scene and field of honors opened up to the female members of the Resistance. Studying the different actors of gratitude (Resistance organizations, local powers, members of Resistance), its chronology – during the war, and once the war was over – and its cultural determiners, showed that women themselves represented the most important brake to the recognition of female resisters and women’s Resistance. Female members of Resistance had no interest in social recognition, thus they have ignored the step to obtain medals or status of « volunteer fighter of the Resistance ». At the same time, they have played a small role in the building of the Resistance memory, which can explain why, in the case of women, the figure of the victim competes with that of the Resistant.
Abstract FR:
Marqué par une expérience d’occupation répétée, le Nord est un espace privilégié pour interroger le genre de la Résistance et l’évolution des constructions du féminin. Cette thèse se propose d’approcher la Résistance féminine et ses représentations par le double éclairage de la répression et de la reconnaissance. La répression conduite par l’OFK 670 met à nu la précocité, la diversité, la spécificité (une résistance d’aide) mais aussi l’autonomie de l’engagement féminin. Les femmes réprimées, qui ont majoritairement agi en individus libres de leurs actes, sont frappées par une répression influencée par la différence de sexe dans sa chronologie, ses modalités, et son intensité. L’après-guerre est le temps d’une reconnaissance contrastée et éphémère. Arène politique et champ des honneurs s’ouvrent aux résistantes dans une dynamique complexe, initiée en temps de guerre, déclinée en sortie de guerre à l’échelle locale. L’analyse des acteurs (organisations résistantes, pouvoirs, individus), des temporalités, comme des déterminants culturels de la reconnaissance, montre que le principal frein à la consécration des résistantes et de la Résistance féminine vient des résistantes elles-mêmes. Leur faible investissement du champ de la revendication – par la demande de reconnaissance ou par la fabrique d’une mémoire de la Résistance féminine – contribue à expliquer la concurrence que la figure de la victime fait à celle de la résistante, ultime prolongement de la difficulté à penser la responsabilité féminine. La part des femmes parmi les victimes de la répression semble fonder celle qu’elles occupent dans la reconnaissance politique et statutaire de la Résistance.