thesis

Le goût du sang : Croyances et polémiques dans la chrétienté occidentale à l'Age Moderne

Defense date:

Jan. 1, 2003

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Institution:

Paris 13

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

While taking into account culinary practices and traditions of abstinence in Western Christianity in the Modern Age, this dissertation focuses more specifically on beliefs, prejudices and taboos concerning blood. The interdiction forbidding the consuming of blood, already present in early Jewish tradition, was perpetuated in Christianity until the 12th century. Beginning in the 13th century, dishes containing blood appeared on Christian tables, but not without a certain reluctance accompanied by the memory of prejudices inherited from former times. The historical and philosophical analysis of the beliefs and prejudices regarding blood in the Christian tradition between the 15th and 18th centuries demonstrates that blood was at the center of debates concerning health, death and the divine. This vital substance is supposed to include all the pneuma, the soul and the specificity of the human as a being who is necessarily destined to die. Ecclesiastical, theological and hagiographic works bear witness to the long-standing controversies which place blood at the center of prejudices about ideas concerning life, health and contamination or contagion through a eucharistic ritual which is the basis of the faith of the New Alliance. The analysis of medical and culinary works, books on various trades and recipes books-as well as other writings devoted to popular beliefs concerning ritual murders, cannibalism or vampirism-helps reveal the symbolic, religious and supersensible reasons which make blood both a pure and impure substance: a pharmakon which links the land of the living with the world of the dead as well as the human world with the divine, notably in the action of killing animals for consumption (an avatar of early sacrificial acts).

Abstract FR:

En prenant en compte les pratiques culinaires et pratiques d'abstinences spécifiques à la chrétienté occidentale de l'Age Moderne nous nous sommes plus spécifiquement intéressés aux croyances, préjugés et tabous portés sur le sang. L'interdit de consommer du sang, présent dans la tradition juive et cela dès les temps hébrai͏̈ques les plus reculés, fut préservé par la chrétienté jusqu'au XIIème siècle. A compter du XIIIème siècle des mets de sang font leur apparition sur les tables chrétiennes non sans quelques réticences et préjugés hérités des temps anciens. L'analyse historique et philosophique des systèmes de croyances et préjugés portés sur le sang dans la tradition chrétienne entre le XVème et le XVIIIème siècle, ont permis de constater que le sang était au centre de toutes les interrogations ayant trait au divin, à la santé du vivant et à la mort. Cette substance vitale est sensée concentrer en elle tout le pneuma, toute l'âme et toute la spécificité du vivant comme être destiné à la mort. La consultation d'ouvrages ecclésiastiques, théologiques et hagiographiques témoigne de polémiques fort anciennes qui font du sang une substance au centre de tous les préjugées sur la notion de vie, de santé et de contagion par l'intermédiaire d'un rituel eucharistique au fondement du geste de foi de la Nouvelle Alliance. La compréhension et l'analyse d'ouvrages de médecine, de sciences culinaires, de livres des métiers et livres de recettes, certains autres ouvrages consacrés aux croyances populaires relatant des accusations de meurtres rituels, d'anthropophagie ou de vampirisme mettent à jour les raisons symboliques, religieuses et suprasensibles qui font du fluide sanguin une substance à la fois pure et impure : un pharmakon qui relie le monde du vivant à celui de la mort mais aussi le monde humain à celui du divin, notamment par le geste de mise à mort de l'animal à consommer (avatar des gestes sacrificiels anciens).