Les demeures de la distinction : le phénomène châtelain dans le département de la Haute-Vienne au XIXe siècle
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work proposes to study the manor phenomenon in the Haute-Vienne departement between 1789 and 1914. The analysis of theoretical and descriptive discourses and the evolution of the corpus of mansions thus designated have shaped a new figure of the manor. This one has become distinct from the former seignorial structure. Towards 1900 this term designates an heterogeneous set of dwellings that are often of recent origin (a manor in two appeared during the period). This resistance to and adaptation on the manor model result from the development of the holiday in the countryside and the status of people getting their income from the land in the bourgeoisie. Old families and upstarts asserted their status as worthies in that way. It is also the fruit of the emotional enhancement of the mansion in the nobility. This appeal for the mansion was at its peak between 1860 and 1880. Afterwards it declined because of the emergence of the villa. But if the mansion remained a very prized type of dweling it is because it is both an element of social distinction for the one who lives in it and an index of social otherness for those living around it. The laying-out of the dwelling and its surrounllings being of the a mediocre quality and social inequalities little marked. However the mansion does not seem here to be the catalyst for social antagonisms. The owners of mansions have really gone through a decline in their political, social and economic influence. Gradually, their residences have become simple special places, the quality of their architecture setting them apart.
Abstract FR:
Ce travail se propose d'étudier le phénomène châtelain dans le département de la Haute-Vienne entre 1789 et 1914. L'analyse des discours tant théoriques que descriptifs et l'évolution du corpus de demeures ainsi désignées dessinent une nouvelle figure du château. Celui-ci s'est progressivement détaché de l'ancienne structure seigneuriale. Le terme désigne à la fin du siècle un ensemble hétérogène de logis, souvent d'origine récente (un château sur deux est apparu au cours de cette période). La résistance et l'adaptation du modèle castral résultent du développement de la villégiature champêtre et du statut de rentier du sol chez la bourgeoisie. Vieilles familles et parvenus affirmaient ainsi leur statut de notable. Il est aussi le fruit de la valorisation affective du château dans la noblesse. L'attrait pour le château connut son apogée dans les années 1860-1880. Il subit par la suite un relatif déclin face au modèle de la villa. Mais si le château est resté pendant toute cette période un type d'habitat fort prisé c'est parce qu'il est à la fois un élément de distinction pour celui qui l'habite et un indice de l'altérité sociale pour ceux vivant autour. L'aménagement du logis et de ses abords, les usages auxquels il est destiné renforcent cette distance par rapport à l'environnement. Cette dernière représentation du château est d'autant plus importante ici que les campagnes étudiées sont pauvres, le bâti est généralement de qualité médiocre et les inegalités sociales peu marquées. Cependant, il ne semble pas que le château ait été ici un catalyseur des antagonismes sociaux. En effets, les châtelains ont globalement connu un déclin de leur influence économique, sociale et politique. Peu à peu, leurs demeures sont devenus de simples lieux à part, ne se distinguant que par la qualité de leur architecture et de leurs aménagements.