Les relations entre la France et l'Italie dans les Balkans pendant la première guerre mondiale, 1914-1919
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
When the war strikes in August 1914 Italy remains neutral. When pressurised by the terrific German army on its own land France strives for calling its “roman sister” on its side from the very first hours of the conflict. French leaders intend to use Italians’ ambitions in the whole Balkans especially in the area along the Adriatic east coasts from Istria to the straits of Otrante. Aware that the Italian step in war lies in this area the French, and especially Delcassé, allow the Italians to settle on the Dalmatia coasts and to put Albania under its supervision, which violates nationalities principles and Serbs ambitions. The Treaty of London engraves in stone the Italians’ ambitions that are now furiously defended by Sydney Sonnino. However the conflict developments impact both political and strategic environments in 1915. The Yugoslavian idea gets then a greater interest. This project aims at creating a state laying along the Adriatic coasts from the Slovene regions to Albania and including Montenegro. Although the Yugoslavian idea gives the French the opportunity of getting a new ally in the Balkans it worries the Italians because it questions their ambitions. The French and Italian arguments grow and the political, diplomatic and military corps split up while leaders try to compromise. The problem caused by the Yugoslavian idea to both nations sheds light not only on the strong differences in their politics but also on the mental representations weight, which does not ease the quieting down during the 1919 peace negotiations. The first World War is not a mere vicissitude in the French and Italian couple but it is rather a fundamental turn in the history of their tumultuous relationships.
Abstract FR:
Lorsque la guerre éclate en août 1914, l’Italie décide de rester neutre. Soumise à la formidable pression des armées allemandes sur son sol, la France tente, dès les premiers jours du conflit, d’entraîner sa « sœur latine » à ses côtés. Pour cela, ses dirigeants entendent se servir des ambitions que nourrissent les Italiens dans l’ensemble des Balkans, et plus spécifiquement le long des côtes orientales de l’Adriatique, depuis l’Istrie jusqu’au détroit d’Otrante. Conscients que le prix de l’intervention italienne se trouve dans cette zone, les Français, et notamment Delcassé, acceptent l’installation des Italiens sur les rives de la Dalmatie et la mise sous tutelle de l’Albanie, en violation des principes des nationalités et des ambitions serbes. Le Traité de Londres inscrit dans le marbre les buts de guerre italiens, désormais défendus avec acharnement par Sydney Sonnino. Mais le développement du conflit modifie les conditions politiques et stratégiques de 1915. Le succès grandissant de l’idée yougoslave, qui vise à la création d’un Etat s’étendant le long des rives adriatiques, depuis les régions slovènes jusqu’à l’Albanie, et absorbant le Monténégro, si elle offre aux Français la perspective d’un nouvel allié dans les Balkans, inquiète les Italiens qui y voient une remise en cause de leurs ambitions. Les polémiques franco-italiennes enflent, le personnel politique, diplomatique et militaire se divise, tandis que les dirigeants tentent de trouver des solutions de compromis. Le problème posé aux deux nations par l’idée yougoslave permet de mettre à jour les profondes divergences de leurs politiques ainsi que le poids des représentations mentales, tout cela ne contribuant guère à l’apaisement, lors des négociations de paix de 1919. La Première Guerre mondiale ne constitue pas une vicissitude parmi d’autres du couple franco-italien mais plutôt un tournant fondamental dans l’histoire de leurs tumultueuses relations.