Les douleurs de l'industrie : l'hygiénisme industriel en France, 1860-1914
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis attempts to analyze both the scientific actions and the social effects of the French Industrial Hygiene Movement in the second half of the Nineteenth Century. In parts one and two, the construction of industrial and occupational hygiene as a new scientific discipline from middle of the century is examined. Occupational hygiene appears as a problematical field of research: neither purely medical nor technical, it calls for the difficult cooperation of several scientific disciplines. The third part presents a new approach in analyzing the conditions of industrialization. Considering workers as well as company owners, it deals with representations of pain at work, and the various behaviours occurring in the face of occupational hazards. The question tackled is that of understanding if the industrial hygienists achieved changes in work conditions as they claimed to have done. The results as the workshop’s level remain variable at the end of the century, according to cultural and economic factors, technical conditions as well as the activity of unions.
Abstract FR:
La seconde moitié du XIXe siècle marque le renouveau d’un intérêt scientifique et social pour les maladies liées au travail et pour leur prévention. Fondée pour l’essentiel sur l’analyse de publications médicales, scientifiques, techniques et syndicales, cette recherche examine les manifestations intellectuelles et les pratiques industrielles liées au développement de l’hygiénisme industriel à partir des années 1860. Elle interroge tout d’abord la nature d’un savoir singulier, écartelé entre médecine et technique. L’hygiène industrielle se révèle être un champ de recherche aux contours instables, le lieu d’une rencontre nécessaire mais difficile entre disciplines scientifiques et techniques. Quelques créations institutionnelles confèrent toutefois au début du XXe siècle reconnaissance et légitimité à la discipline. La seconde partie s’intéresse aux manifestations sociales de l’hygiénisme industriel : constitution, par la participation aux congrès et aux revues d’hygiène, d’un groupe spécialisé ; enseignement et vulgarisation de ses connaissances. L’étude des petites et grandes questions d’hygiène industrielle qui ont jalonné la période – céruse, phosphore des allumettes, hydrargyrisme des chapeliers par exemple – souligne les difficultés et les retards d’une traduction réglementaire du savoir hygiéniste. Enfin, l’analyse de la réception du discours hygiéniste dans les ateliers brosse un tableau contrasté où facteurs culturels, logiques économiques, syndicales et techniques se mêlent en d’infinies combinaisons pour expliquer l’acceptation ou le rejet des recommandations techniques et des nouvelles contraintes. Les décennies étudiées sont celles de la montée en puissance d’un courant d’études et de ses premiers résultats concrets. Elles donnent ses caractéristiques durables au système français de prévention des risques professionnels.