Régénérer le socialisme : aux origines du communisme en France (1905-1925)
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The creation of the French Communist Party in 1920 can be considered part of a decisive “time of split-ups” in post-war European socialism. It gave birth to a radically new type of party-form. The militant revolution that the communists called for can be regarded as a successful political “relief” operation : a new generation of young militants, financed and backed up in its rise by the Communist International, plain in its rejection of war and united by shared sociological caracteristics, was quickly carried to the head of these movements in an exceptional historical context. These militants despised the old “socialist” order and its oligarchs and called for a complete rejuvenation, a profound regeneration of socialist ideals and political practices. Considered from the French point of view, the stages and consequences of this Europe-wide crisis are central to the understanding of the general turmoil of the interwar years. This revolution will be scrutinized here through the concept of regeneration and of revolutionary asceticism, which imposed itself in the new Communist party in the beginning of the 1920s. Born from the rejection of the "treason" of august 1914, the will to regenerate socialism roots itself in workerism and ascetical practices peculiar to the French Labor movement before 1914. But it also gave birth to a radically new type of party, with its own new political practices unknown to the French Labor movement before the war.
Abstract FR:
Le communisme en France est né d'une entreprise de régénération révolutionnaire du socialisme engagée par une jeune relève militante au sortir de la Grande Guerre, sous l'influence du bolchevisme arrivé au pouvoir en Russie en 1917. Mieux à notre sens que les arguments de la greffe et de l'accident d'Annie Kriegel, l'hypothèse de la régénération de l’idéal et des pratiques socialistes éclaire d'une manière renouvellée la création en France d’un nouveau type d’organisation révolutionnaire au prix du sacrifice de l’unité socialiste. Notre lecture s’appuie sur le triptyque formé par les concepts de régénération, d’ascétisme et de relève : ensemble, ils permettent de saisir la dynamique de la triple relève des hommes, des principes et des attitudes de vie socialistes qui préside à la naissance de la SFIC. Cet élan régénérateur suscité par la guerre ne peut cependant être appréhendé que dans la continuité des principes et des pratiques du mouvement ouvrier avant 1914. Le communisme puise en particulier dans le très riche imaginaire ouvriériste du mouvement ouvrier organisé français avant 1914, mais aussi dans toute la gamme des pratiques sacrificielles qu’il a inventées pour garantir la fidélité de ses membres. C’est dans la guerre pourtant que s’enracine cette aspiration forte, nourrie de la « trahison » d’août 1914 et réclamée par la dissolution de l'identité socialiste dans la rhétorique patriotique. L'histoire de la scission est indissociable de celle de la minorité de guerre. La scission de 1920 engage pour elle une nouvelle histoire : celle de la création d’un parti et de pratiques politiques inédites qui ont dès 1921 doté le Parti communiste de sa radicale originalité.