L'histoire religieuse au miroir de la morale laïque au XIXe siècle en France
Institution:
Lille 3Disciplines:
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Abstract EN:
There is no barrier today for religious studies to encompass secular ethics (morale laïque), but has it always been so ? Historically, secular ethics and the science of religions were born in the 19th century out of religious criticism. They found legitimacy in the 1880's with the establishment of the 3rd Republic in France. The former was especially employed in primary education as a means to form citizens, while the latter was primarily confined to a relatively small group of specialists within the framework of higher education. The domains of application of morals and religious studies seem, then, to differ. Texts of the first half of the 19th century, however, often show interconnected these two fields were. It is consequently opportune to reflect on the historical conditions that led these two fields to being perceived as different. For its promoters, secular ethics was a means to free society from ethics based on religion. But secular ethics is no devoid of religious elements. The history of religions, as a modern social science, has distanced itself from theology but shares with it some of its representation schemes. Even if the beginning of the 20th century sees the spiritual component of secular ethics wane and the Christian-centric perspective of the history of religions attenuate, the religious continues to haunt both ethics and religious studies. It was also the moment when these two domaines could meet again on a new level
Abstract FR:
Etudier la morale laïque dans la perspective des sciences religieuses, cela peut aller de soi aujourd'hui, mais en a-t-il toujours été ainsi ? Historiquement, la morale laïque et la science des religions sont filles de la critique religieuse du XIXe siècle. Elles ont été légitimées dans les années 1880, période fondatrice de la Troisième République. La première est alors diffusée surtout sur le terrain de l'enseignement primaire pour former les futurs citoyens, et la deuxième étudiée dans le cadre de l'enseignement supérieur par une petite poignée de spécialistes. Le domaine de la morale et celui des études religieuses semblent donc bien être différents. Or, en lisant les textes de la première moitié du XIXe siècle, on est souvent frappé par le dynamisme qu'entretiennent ces deux domaines. Dès lors, il vaudrait mieux réfléchir aux conditions historiques à partie desquelles ces deux domaines peuvent être perçus comme différents. Selon ceux qui l'instaurent, la morale laïque est censée en finir avec la morale religieuse. Mais analytiquement on peut aussi bien en indiquer plusieurs aspects religieux. L'histoire des religions, qui, en tant que science moderne, se désolidarise bien de la théologie, en partage aussi à certains égards les schémas de représentation. Même si l'aspect spiritualiste de la morale laïque recule et l'optique christiano-centriste de l'histoire des religions se relativise au début du XIXe siècle, le religieux continue de hanter durablement la morale et la science religieuse. C'est aussi le moment où ces dernières trouvent la possibilité de se rejoindre sur un plan nouveau