Abstract FR:

Après la chute des royaumes arméniens du Sud Caucase (XIe s. ), l'émigration fortifia la présence arménienne en Cilicie, Cappadoce et Euphratèse. Le contexte géopolitique (sultanats turcs au nord, Etats francs issus des croisades à l'est, suzeraineté formelle de Byzance) se prêtait à la mise en oeuvre d'une subtile diplomatie. Les espoirs mis sur l'Euphratèse s ' effondrèrent à cause de la politique hostile des Francs, mais en Cilicie les Roubénides maintinrent l'équilibre entre Normands et Grecs tout en contenant les Turcs. Par une audacieuse alliance avec Noûr al-Dîn, Mleh réussit à arméniser la Cilicie en 1175. En 1190, Léon II obtint de l'empereur Frédéric 1er la promesse d'une couronne. En 1198, son sacre marqua l'apogée de la diplomatie roubénide. Il s'acharna sur Antioche, ce qui l'affaiblit face au sultanat seldjoukide alors à son apogée, mais sa politique vis-à-vis de la papauté fut un modèle du genre. Il posa de solides bases de " francisation " du royaume et légua la couronne à sa fille cadette, apparentée aux Lusignan de Chypre, dont le mariage avec un Héthoumide réconcilia les familles rivales. Confronté au péril mongol, Héthoum 1er eut l'habileté d'en tirer avantage en s' assurant la protection des ilkhans de Perse face au danger mamelouk apparu au milieu du XIIIe siècle. Son voyage à Karakoroum reste un chef-d'oeuvre de perspicacité politique. Le royaume perdura tant que les Mongols restèrent puissants et antimusulmans, mais au début du XIVe siècle la situation se dégrada. Les rois arméniens n'avaient plus que Chypre pour allié régional et l'Europe comme hypothétique et lointain soutien. La décadence était irrésistible et la progression du catholicisme provoqua des divisions fatales au sein de la classe dirigeante. Le territoire du royaume diminuait sous les coups de boutoir des Mamelouks. La capitale, Sis, tomba en 1375, après moins d'un an de règne de Léon V Lusignan.