thesis

L'image des prisonniers de guerre français de la Seconde guerre mondiale : 1940-2000

Defense date:

Jan. 1, 2002

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Institution:

Paris 10

Disciplines:

Authors:

Abstract EN:

Contrarily to World War One prisoners of war, those of World War Two have never been forgotten. Owing to the movie La Grande Illusion, which came out in 1937 and again in 1946, prisoners were in all minds, especially as every family knew a prisoner personally. A basic image spread, in which the French people recognized themselves : prisoners were victims, average Frenchmen. This image was created during the war and carried on, owing to movies, literature and the self-censored witnesses who agreed with the existing image. As prisoners of war feared they had to justify themselves for the French defeat, censored themselves and selected the tales they chose to tell. However the public opinion's view was only negative during summer and autumn of 1945, on account of the Pétain trial. But prisoners of war were officially proclaimed fighting men as from 1949. This image, though constantly present in society, did not alter much and at that only with the abilities of identification and the expectations of the French people. The prisoner of war was an ordinary man facing the gaullien resistant during the Sixties. He hated war while decolonization took place. He proved that the enemy could be human even when the Cold War demonized the Other. During the Fifties, a minority among senior prisoners rose against this image, which did not show their private sufferings and the values in which they believed. The prisoners chose the Seventies to reestablish a more realistic picture of what they had lived through and enlightered the dark hours of World War Two. Unsuccessfully : the French people being unable to identify with too specific an image. Nowadays, senior prisoners argue that each one of their experience was so unique that no one image can reflect the diversity or their traumas.

Abstract FR:

A la différence des prisonniers de guerre de la Grande guerre, ceux de la Seconde n'ont jamais été oubliés. Grâce au film La Grande Illusion, qui sort en 1937 et ressort en 1946, ils sont dans tous les esprits, d'autant que chaque famille connaît un prisonnier. Une image schématique, mais dans laquelle les Français se reconnaissent, se développe : les prisonniers sont des victimes, des Français moyens. Cette image naît pendant la guerre et se maintient après, grâce au cinéma, à la littérature, et à des témoignages autocensurés pour correspondre à l'image déjà construite. Craignant de devoir se justifier de la défaite française, les prisonniers de guerre s'auto-épurent en effet et opèrent un tri dans leurs récits : or l'image de l'opinion publique à leur égard n'est négative que durant l'été et l'automne 1945, en liaison avec le procès Pétain. Mais ils sont reconnus officiellement comme des combattants dès 1949. Cette image constamment présente dans la société évolue peu, et seulement en fonction des capacités d'identification et des aspirations des Français : le prisonnier de guerre est un homme ordinaire face au résistant gaullien dans les années 1960 ; il n'aime pas la guerre alors que la décolonisation bat son plein ; il témoigne que l'ennemi peut être humain quand la Guerre froide diabolise l'autre. Dès les années 1950, des voix très minoritaires s'élèvent au sein de la communauté des anciens prisonniers contre cette image qui ne met en valeur ni leurs souffrances particulières, ni les valeurs auxquelles ils sont attachées. Les années 1970, qui éclairent les zones de la Seconde Guerre mondiale jusque là restées dans l'ombre, sont le moment choisi par les prisonniers pour rétablir une image plus conforme à ce qu'ils ont subi, sans succès cependant, les Français ne pouvant s'identifier à une image trop précise. Pour intégrer cet échec, les anciens prisonniers développent aujourd'hui l'idée selon laquelle chaque captivité étant unique, aucune image ne saurait être fidèle.