Le Congrès américain et la désintégration de la Yougoslavie : de la chute du mur de Berlin aux accords de Dayton
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
In the summer of 1995, American policy in Bosnia suddenly shifted course : the decision by President Clinton was due to several factors, among which the vote by Congress, led by republican leader Bob Dole, of a bill to lift the embargo, with majorities sufficient to override a presidential veto if necessary. Dole, together with other members of Congress, had been involved with Yugoslavia since 1989. To understand congressional activism and its consequences, it is necessary to study the archives of Congress from 1989 to 1995, as well as the influence of ethnic lobbying, the media and public opinion. The « Yugoslav » communities in the U. S. Started to organize in 1989 to try and influence U. S. Foreign policy, and they targeted primarily their congressional representatives. The war in Bosnia then provoked an exceptional mobilization in the U. S. In favor of the Bosnian Muslims. It gave way to a new lobby, the Action Council for Peace in the Balkans, which chose early on Congress as its primary target and the lifting of the embargo as its objective. This mobilization is inseparable from the specific character of the mediatization of the Bosnian war, itself linked to the numerous journalists on the ground in Bosnia, the comparison between ethnic cleansing and the Holocaust, and the fact that all actors hired public relations firms to promote their views. American congressmen, constantly campaigning as they are, were sensitive to all of these factors. This dissertation offers a new angle : the view from Congress on the disintegration of Yugoslavia and the war in Bosnia.
Abstract FR:
Le tournant de la politique américaine en Bosnie, décidé par le Président Clinton à l’été 1995, est dû à une conjonction de facteurs parmi lesquels figure en bonne place le vote de la levée de l’embargo par les parlementaires américains, menés par le républicain Bob Dole, avec une marge suffisante pour renverser un véto présidentiel si nécessaire. Or Dole, avec d’autres parlementaires, s’est impliqué dès 1989 sur la Yougoslavie. Pour comprendre cet activisme et ses conséquences, il faut étudier d’abord les archives du Congrès de 1989 à 1995, mais aussi l’influence du lobbying ethnique, des médias et de l’opinion publique. Les communautés « yougoslaves » aux Etats-Unis se sont mobilisées dès 1989 pour tenter d’influencer la politique américaine, et elles ont visé en tout premier lieu les parlementaires de leurs districts. La guerre de Bosnie a ensuite provoqué une mobilisation exceptionnelle au sein de la société américaine en faveur des Bosniaques. Elle a donné naissance à un groupe de pression, l’Action Council for Peace in the Balkans, qui a d’emblée défini comme cible le Congrès et comme objectif la levée de l’embargo. Cette mobilisation est indissociable de certains traits spécifiques de la médiatisation du conflit bosniaque, dus aux nombreux journalistes sur le terrain, à la comparaison entre l’épuration ethnique et l’Holocauste, enfin au recours par tous les protagonistes à des agences de relations publiques, en particulier à Washington. Or les parlementaires américains, en campagne quasi-permanente, ont été sensibles à tous ces éléments. C’est donc un nouvel angle que cette thèse propose : la désintégration de la Yougoslavie et la guerre de Bosnie vues du Congrès.