Le bug : une esthétique de l'accident
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
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Abstract FR:
Face à l'écran, nous sommes en position d'utilisateur, tout nous semble normal, nos attentes sont satisfaites, nos gestes sont emprunts d'un certain automatisme, notre comportement tout entier, semble s'effectuer, d'une certaine manière, hors conscience, nous sommes tout à la fois collés à l'écran et mis à distance par le dispositif interfaciel et nous sommes bercé par le train-train fonctionnel. Mais si, brusquement, le système dysfonctionne, alors là, en cet instant précis, quand l'écran se fige ou que l'affichage devient instable, quand nos attentes sont contrariées, quand nos demandes n'accèdent plus aux réponses que nous anticipions, à celles que nous espérions, quand tout se désynchronise, quand le temps de réflexion, quand l'anarchie de l'intervalle reprend ses droit, quand tout semble paralysé ou que tout commence à vibrer dans un clignotement spasmodique, quand nous ne contrôlons plus rien, que notre sentiment de frustration et d'impuissance nous paralyse et nous culpabilise, alors là, il semble advenir quelque chose, la tyrannie du "temps réel" est rompue et une respiration, le temps de la disponibilité resurgit, une distance semble rétablie. Comment se manifeste le bug? Si le bug semble apparaître comme une puissance de rupture, à quelles ruptures procède-t-il ? Comment opèrent-t-elles ou autrement dit comment cet accident est-il perçu par l'utilisateur? Et comment les oeuvres programmées mettent-elles en oeuvre ces ruptures générées par l'accident informatique? Dans un monde tiraillé entre le tout sécuritaire, le tout anticipé et une réhabilitation de l'accident dans certaines pratiques émergentes, qui tend aujourd'hui, en s'étendant à tous les champs de la recherche, à contaminer notre vision du monde, le bug apparaît comme cet accident particulier, improbable, paradoxal, par définition, réfractaire à toute forme d'anticipation et de mise en œuvre. Si parler d'esthétique de l'accident et tout particulièrement d'une esthétique du bug s'avère, a priori, contre-nature, alors comment les œuvres programmées font-elles advenir un accidentel ? Comment travaillent-elles cet imprévisible, ce non programme ? Quelles sont leurs propres modes opératoires?