Les mises en scène du passé au Palais-Bourbon (1815-1848) : Aux origines d'une mémoire nationale
Institution:
Montpellier 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Throughout the age of history, the political debate in France made an extensive use of the past. Hence the interest of methodically studying the historical references found in the speeches of the House of Commons over a period beginning with the Restoration and the debates on the "Adresse", and closing with the end of the July Monarchy. Three distinct lines of approach or analysis can then be defined. One, where laying stress on the past is a way of making sense of the present at critical political junctures ; two, where judging from the personalities and events they mention, the various speakers share far more of a common imagination than generally acknowledged ; three, where the complexity of their relationship to the past, or areas of the past, poses a problem, as also the confrontation of any given theory of history to the hazards of the day to day debates. In all three cases, the break brought about by the "Trois Glorieuses" looms very large. With the July monarchy taking over from the Restoration, there occurs a dramatic change in the MP's references to the past : after 1830, the focus is both chronologically on more recent times (1789 is a limit rarely exceeded) and shared, in essentials at least, by all political families. Thus, the first draft of a national memory takes shape under the July monarchy, heralding the fuller Republican statement to follow, and pointing to an ever more progressist view of history.
Abstract FR:
Au cours du siècle de l'histoire, le débat politique ne peut se concevoir sans recours au passé. L'étude des références historiques des députés est donc particulièrement féconde. Elle se fonde sur des statistiques portant sur les débats sur l'Adresse des débuts de la Restauration à la fin de la monarchie de Juillet, et débouche sur trois niveaux d'analyse. Tout d'abord, elle met en valeur le rôle du passé lors des principaux temps forts de la vie politique de cette période, ce qui contribue à leur intelligibilité. Elle permet ensuite de faire ressortir de quels personnages et de quelles époques on parle, dessinant les contours d'un imaginaire historique beaucoup plus consensuel que ce qui est généralement admis. Elle manifeste enfin la complexité des rapports au temps des députés, et la difficulté de concilier toute théorie de l'histoire avec les aléas des affrontements politiques quotidiens. Dans les trois cas, l'importance de la rupture générée par le passage de la Restauration à la monarchie de Juillet est particulièrement nette. Les passés évoqués par les députés sont en effet beaucoup plus proches après 1830, tant sur le plan chronologique où les références antérieures à 1789 deviennent rares, que d'une famille politique à l'autre : des légitimistes aux républicains, les regards portés sur le passé ne sont séparés que par des nuances, certes significatives. C'est donc une première ébauche de mémoire nationale qui se met en place sous la monarchie de Juillet, elle annonce la synthèse républicaine ultérieure, et s'inscrit dans une vision de plus en plus progressiste de l'histoire.