Le marché noir et ses enjeux dans la société française des années quarante (1940-1949)
Institution:
Paris, Institut d'études politiquesDisciplines:
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Le marché noir fut un phénomène important au cours des années quarante et reste dans la mémoire collective comme le symbole des pénuries et restrictions de la période. Mais si le marché noir est évoqué de manière récurrente pour rappeler les difficultés matérielles de l'Occupation, les enjeux du phénomène dépassent en fait largement le simple cadre de la vie quotidienne. L'ouverture récente des archives du contrôle économique, administration chargée de centraliser la répression du marché noir, permet ainsi d'aborder le phénomène sous sa triple dimension, économique, sociale et politique. Sur le plan économique, le marché noir constitua une faille importante dans la tentative de Vichy pour encadrer et contrôler l'économie. Sur le plan social, le marché noir fut l'un des principaux facteurs d'accentuation des inégalités à la faveur de la période. Enfin, analysé sous l'angle de l'incivisme, le phénomène eut une portée politique indéniable. Les enjeux évoluèrent selon les périodes, en fonction du contexte. Au début de l'Occupation, le marché noir, unanimement critiqué, apparut comme une affaire de spécialistes. Mais dès 1941, il connut un processus de généralisation et l'ensemble du corps social en devint complice. Tous les acteurs de la période (Vichy, l'occupant, la résistance. . . ) ont pu y avoir recours, ce qui contribua à rendre le phénomène particulièrement équivoque. Après la Libération, le marché noir continua de faire partie du quotidien des Français, jusqu'en 1949, alimentant d'importantes frustrations et encourageant de nombreuses manifestations populaires, ayant, comme lors de la période précédente, d'importantes répercussions politiques.