Les républicains laïques d'Ille-et-Vilaine : de l'affaire Dreyfus à la mort de Charles De Gaulle
Institution:
Rennes 2Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
At the end of the nineteenth century, a town hall, usually flanked by a state primary school represented the recent birth of liberal democracy in every single little village of the department of Ille-et-Vilaine. If often seemed to defy the new parish church, which embodied, on the other side of the square, another hope. A ternary inscription generally adorned a section of this republican building. After the Dreyfus affair, the French Republic introduced itself more precisely, in Ille-et-Vilaine, as a professor, an engineer or a doctor prompted by this affront to justice to get involved in politics. Unlike their conservative, anti-Semitic and Catholic opponents, these secular republicans spread, over a long period of time, a humanist, progressive and also conquering nationalism. Optimistic, convinced to complete - at least inside the national boundary - a work the French Revolutionaries had begun earlier in the past, detemined to promote state education, health improvement and the people's well-being, these Radicals or Socialists had no doubts about exceptional, civilizing and universal role of their democratic and liberal nation. Their aims, based on a moral philosophy which ignored faith, had immediately offended the believers of Ille-et-Vilaine. In their radical involvement, these republicans refused too absolutely to consider Catholicism as a major foundation of individual virtue,of human progress and a national union. They were determined to demonstrate it by living, educating their children and dying without the consolation of the Catholic faith which, in view of the weakness of the Protestant and Jewish communities, enjoyed a real spiritual hegemony in the department. By the end of the nineteen sixties few people still hated liberal democracy. But the citizens of Ille-et-Vilaine had long ceased to honour the example of the Third Republic
Abstract FR:
A la fin du XIXe siècle, une mairie, que flanquait ordinairement une école publique, incarnait la récente existence de la démocratie libérale dans le moindre village d'Ille-et-Vilaine. Souvent, elle semblait y braver la nouvelle église paroissiale, qui matérialisait, de l'autre côté de la place, une autre espérance. Une inscription ternaire s'étirait généralement sur un pan de cette maison commune. Après l'affaire Dreyfus, la République apparut encore plus précisément, en Ille-et-Vilaine, sous les traits d'un professeur, d'un ingénieur ou d'un médecin, qu'un outrage à la justice avait soudainement poussés en politique. Au rebours de leurs adversaires conservateurs, antisémites et catholiques, ces républicains lai͏̈ques diffusèrent longuement un nationalisme humaniste, progressiste et aussi conquérant. Optimistes, convaincus de parachever -à tout le moins au-dedans de leurs frontières-une oeuvre qu'avaient entreprise les hommes de la Révolution française, décidés à favoriser l'instruction lai͏̈que, l'amélioration sanitaire et le mieux-être du peuple, ces hommes d'opinion radicale ou socialiste ne doutaient pas du rôle exceptionnel, civilisateur ou universel de leur nation démocratique et libérale. Une telle ambition, fondée sur une morale qui ignorait la foi, avait immédiatement heurté des croyants d'Ille-et-Vilaine. Ses partisans refusaient trop absolument de considérer le catholicisme comme un fondement capital de la vertu individuelle, du progrès de l'humanité et de l'union nationale. Ils entendaient notamment le démontrer en vivant, en éduquant leurs enfants et en mourant sans le concours de cette religion qui, eu égard à la faiblesse des communautés protestante ou juive, jouissait d'une véritable hégémonie spirituelle dans le département. A la fin des années 1960, peu d'hommes détestaient encore la démocratie libérale. Mais, depuis longtemps déjà, les citoyens ne célébraient plus l'exemple de la Troisième République.